« Nous avons besoin en effet d’une politique industrielle ambitieuse. Il n’y a pas de grand pays sans industrie. Même notre agriculture, dont j’aime à dire qu’elle est notre principale richesse, a vocation, elle aussi, à devenir « industrielle ». L’on peut comprendre qu’en raison de leur complexité, nos grands projets miniers concernant le fer et la bauxite, dont la finalité est également l’industrialisation, prennent du temps à se concrétiser.
En revanche, il n’y a pas de raison valable à notre lenteur à développer des industries de transformation de nos matières premières d’origine agricole. Outre l’avantage que nous pourrions en tirer en termes de valeur ajoutée et d’emploi, la transformation sur place contribuerait au rééquilibrage de notre commerce extérieur structurellement déficitaire. Notre balance commerciale se caractérise en effet par un excédent important des importations par rapport aux exportations.
Celles-ci reposent essentiellement sur la vente de 3 ou 4 produits bruts, dont les cours sont variables. Nos importations, quant à elles, concernent surtout des produits manufacturés, notamment des biens d’équipement pour nos grands projets. Il nous est évidemment difficile de restreindre nos achats de biens d’équipement. Cela, nous le comprenons. Nous devons pouvoir par contre freiner l’importation de denrées que nous sommes en mesure de produire. Ces observations que je suis amené à faire, une nouvelle fois, traduisent la difficulté que nous éprouvons à passer d’une économie où le rôle de l’État reste prédominant, à un système plus libéral qui est désormais la règle. A tel point que nous cumulons parfois les inconvénients des deux systèmes.
Ainsi s’explique, me semble-t-il, la résistance aux réformes structurelles qui entrave nos efforts pour relancer la croissance. Certaines de ces réformes concernent notre gouvernance et en particulier nos finances publiques. Dans ce domaine, des progrès notables ont été accomplis. Il conviendra de les consolider en veillant à la soutenabilité budgétaire, en diminuant autant que possible les subventions et en révisant l’assiette fiscale. D’une façon générale, notre administration gagnerait aussi à simplifier, à alléger ses procédures et, comme je l’ai dit récemment et comme je l’ai prescrit, à réduire son train de vie.
Mes chers compatriotes,
Pour donner un coup d’accélérateur à notre croissance, j’ai instruit le Gouvernement de mettre en œuvre un « plan d’urgence ». L’objectif est de réaliser, en trois ans, des progrès visibles et des améliorations mesurables dans des domaines vitaux. Citons dans ce sens la modernisation urbaine, la santé, l’agriculture, les routes, l’énergie, l’eau, l’habitat social et la sécurité. J’attends de ce plan qu’il apporte à nos populations, sur l’ensemble du territoire national, la satisfaction de leurs besoins les plus urgents.
Extrait du discours du chef de l’État à la nation en 2014