Un Conseil d’administration de la Cameroon Postal Services (Campost) tenu le 7 juillet 2016 à Yaoundé, a abouti à la nomination au poste de directeur général de cette société d’Etat, de Pierre Kaldadak, inspecteur des Postes et Télécoms de nationalité camerounaise. Le promu a aussitôt été installé dans ses nouvelles fonctions par la ministre des Postes et Télécoms, Minette Libom Li Likeng.
Cette nomination met un terme à six années d’assistance technique de la Sofrepost, filiale de la poste française qui dirigeait la Campost depuis 2010, et dont le contrat est arrivé à expiration en mai 2016, apprend-on officiellement. Cependant, c’est depuis 2007 que la gestion de la Campost a été retirée aux experts camerounais, après la crise qu’a connu l’entreprise postale publique à partir de 2004.
En effet, afin de redorer le blason de la poste camerounaise, dont les services financiers sont devenus incapables de rembourser l’épargne des clients, le gouvernement camerounais a confié, à partir de 2007, la restructuration de cette entreprise publique au cabinet canadien Tecsult International Ltd. En 2 ans à la tête de la Campost, ce cabinet a plutôt laissé un trou de 2 milliards de francs Cfa dans les caisses de l’entreprise, suite aux détournements de fonds perpétrés par des agents, avec la complicité de responsables de l’équipe managériale de Tecsult.
En 2010, l’Etat camerounais jettera cette fois-ci son dévolu sur Sofrepost, pour remettre sur les rails la poste camerounaise. Si l’équipe de Sofrepost a permis à l’entreprise de retrouver un certain équilibre financier (environ 850 000 comptes d’épargne et 56 700 comptes courants gérés dans son portefeuille à fin 2013) et de déployer de nouvelles activités (transfert d’argent, service de courrier express), la gestion financière de la Campost ne s’est pas faite sans heurts.
En effet, entre 2011 et novembre 2013, a-t-on appris de bonnes sources, un réseau de fraudeurs à l’intérieur de l’entreprise, piloté par un certain Jean Jacques Zé, a permis de détourner environ 4 milliards de francs Cfa au moyen de virements frauduleux.
Pierre Kaldadak hérite donc d’une entreprise dans laquelle les détournements de fonds sont légion, et qui ne s’est surtout pas véritablement réconciliée avec sa clientèle, encore échaudée qu’elle est par la crise déclenchée en 2004.