Louis M. a su trouver la parade face aux coupures d’eau devenues fréquentes à Yaoundé. Il fait des réserves dans des fûts et des bidons lorsque le précieux liquide coule des robinets.
« C’est pour avoir de l’eau en permanence et à portée de main quand les robinets sont secs », répond cet habitant du quartier Mvog-Ada à Yaoundé. Comme lui, bon nombre de Camerounais ont recours à ces récipients d’un autre genre.
Les plus nantis se dotent des bâches et des mini citernes pour conserver en grande quantité la molécule H2O. Pour s’en procurer justement, le carrefour de l’Amitié, le marché Mokolo (derrière le Corps national des sapeurs-pompiers) ou encore le carrefour Olé- zoa constituent les principaux lieux de vente dans la capitale politique.
Rendu à cette dernière adresse, une observation est faite. Les bâches, mini citernes, fûts et autres bidons sont exposés à l’air libre. Assis sur des bancs sous des ombrelles, les revendeurs attendent d’éventuels clients.
Sur l’origine de ces contenants, l’un d’entre eux approché révèle qu’ils sont rangés en deux catégories. D’une part, il y a ceux qui sont produits par des sociétés industrielles à Douala. Ils sont généralement retrouvés dans les grands magasins.
D’autre part, il y a des contenants dits d’occasion. «Ici à Yaoundé, ces bâches et fûts sont en général, des déchets dont se débarrassent les Brasseries du Cameroun ou encore la Société de fabrication de vin du Cameroun (Sofavinc, Ndlr). Elles les vendent à leurs clients qui à leur tour, nous les revendent».
Les prix pratiqués sont fixés selon les différents types de bâches, de mini citernes, de fûts et bidons qui eux, sont rangés par catégories. Ici, pas de prix standard derniers procèdent à un nettoyage supplémentaire avant leur exposition pour la vente.
«C’est beaucoup plus par rapport à la concurrence sur le terrain et pour un souci de santé et de propreté», indique la source. Ce dernier point (nettoyage) a récemment fait l’objet de plaintes émises par certains clients qui estiment que la mort se trouverait à l’intérieur de ces récipients d’occasion.
Au vu des produits toxiques et dangereux que ces derniers contiennent avant la vente. «Tous les produits qu’ils contiennent (bâches, fûts etc, Ndlr) quand c’est encore brut même si c’est du jus, c’est toxique. Nos grossistes doivent d’abord bien nettoyer avant que nous les revendeurs, ne procédions à un second nettoyage», se défend une autre source.
Ce constat est aussi dû au fait que quelques clients sur la base d’un choix visuel, se montrent entêtés.
«Il y a certains contenants sur lesquels sont marquées des inscriptions prouvant leur toxicité. Nous les nettoyons mais ne les conseillons pas à nos clients pour stocker de l’eau à boire par exemple. Mais quand un client insiste sur son choix et étant donné que nous sommes là pour faire des bénéfices, que voulez-vous qu’on fasse ? Une fois qu’ils ont consommé de l’eau conservée dans ces derniers et qu’ils tombent malades, ils se plaignent. C’est ça qui discrédite notre activité», explique-t-elle.
En dépit de la faible présence des clients ou encore du discrédit évoqué ci-dessus dont souffre cette activité, la vente des bâches, fûts et autres bidons permet à ses vendeurs de pouvoir joindre les deux bouts.
«Tu ne peux pas exercer dans un business pendant deux ou trois ans sans avoir un certain bénéfice sinon, tu vas arrêter», conclut notre source qui n’a pas souhaité communiquer sur ses bénéfices.