Le pays va mal. Le pays va de plus en plus mal. Et à l’allure où vont les choses, il ira de plus en plus mal.
Une semaine de plus vient de s’écouler et aucun signe ne laisse présager que notre pays se dirige vers un horizon plus lumineux ou des lendemains plus paisibles. Au contraire, le pays s’enfonce dans le chaos. Le visage hideux de la guerre se montre de plus en plus avec son lot de violences, de blessés et de morts, civils et militaires. Les gens se déchirent. Les blessures s’approfondissent. L’unité vole en éclat. Nous formons de moins en moins une communauté. Il fait de moins en moins sens de vouloir vivre ensemble. Surtout que des mots détestables sont prononcés et des paroles insultantes sont déversées. Chacun pense avoir raison, seul contre tous.
Plus inquiétant, nombreux sommes nous qui croyons avoir raison de penser que le problème, ce sont les autres. Nombreux sommes – nous à penser que les autres sont des « empêcheurs de tourner en rond » qu’il faudra neutraliser à tout prix. Nombreux sommes – nous à nous convaincre de jour en jour que nous ne ferons pas l’économie d’un grand nettoyage. De plus en plus nombreux sommes – nous à considérer que le seul refuge sûr, c’est la tribu. Autant de signes d’un basculement progressif dans la folie, la déraison, la guerre de tous contre tous qui aboutiront à l’implosion du pays.
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Ce faisant, par nos pensées, nos paroles, nos écrits et nos actes, nous alimentons voire approfondissons cette grave crise camerounaise du vivre – ensemble ; crise dont l’une des manifestations les plus saillantes est la guerre rampante en cours dans le Nord – Ouest et le Sud – Ouest.
Cette situation n’est pas le fruit du hasard
En effet, nous ne sommes pas dans cette situation par hasard. Il n’y a pas d’effets sans causes. Et parmi les causes de cette situation, il y a sans aucun doute l’accumulation d’un long continuum de mensonges, de falsifications, de détournements, de fautes, de crimes, de manquements et d’échecs d’un régime endo et néocolonial arrivé à bout de souffle.
Un pays qui se ment à lui – même, qui entretient et promeut systématiquement les fausses et les contre valeurs, au final, ne peut que produire le chaos.
Mais ce n’est pas tout. Ce régime ne peut perdurer si nous-mêmes, les citoyens un peu éclairés parce que instruits, ne lui donnons la force de continuer. Un tel régime prospère par le soutien actif de ceux qui en tirent toutes sortes de bénéfices, la compromission de ceux qui souhaitent en tirer des bénéfices, la lâcheté, l’inorganisation et l’inaction de ceux qui n’en tirent aucun bénéfice substantiel.
Certes la troisième catégorie comporte des personnes qui essayent parfois d’initier des changements mais ces actions sont systématiquement réprimées, voire écrasées. Et c’est cette donne qu’il convient de changer.
Face à cette situation, que faire ?
Devant cette situation, nous retrouvons au moins deux types d’attitudes chez ceux et celles qui ne souhaitent pas cette implosion.
La première attitude consiste à s’émouvoir et se demander : Pourquoi ? Pourquoi cette violence ? Pourquoi ce mauvais cœur ? Pourquoi cet aveuglement ? Pourquoi cette persévérance dans la bêtise ?
La seconde attitude consiste à intégrer qu’il ne servait à rien de dénoncer l’injustice et l’arbitraire d’un système si l’action n’était pas organisée pour y mettre un terme. Elle implique également de comprendre que, dans toutes les sociétés, ce sont ceux qui sont le plus désireux de changement qui doivent se mobiliser pour l’obtenir.
Dès lors, il convient juste de se rappeler quelques évidences brutales mais incontournables :
? Ce ne sont pas des étrangers ou des extraterrestres qui viendront résoudre les problèmes auxquels nous faisons face. Ce sont des Camerounais / es qui le feront.
? La sortie de ces crises ne se fera pas sans l’implication positive de chacun. On peut continuer à regarder ailleurs, à suivre ces problèmes de loin et à considérer que ce sont les fautes ou les problèmes des autres. Mais c’est une malheureuse fuite en avant qui est déjà en train de nous rattraper. Réveillons – nous !
? Ce ne sont pas ceux qui ont créé ce problème qui sont en mesure de le résoudre. Plus vite nous le comprendrons, plutôt nous sortirons de cette impasse. Pour repartir sur de nouvelles bases, nous ne manquerons pas de mettre fin au système et aux agents du système responsable de ces crises.
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? Rendus où nous sommes, on ne peut plus se permettre les demi – mesures, les rafistolages et les compromissions. Nous devons refonder ce pays. Aller à la racine des choses. Et le processus pour le faire implique nécessairement des assises nationales qui permettent de revoir les bases de ce pays et d’élaborer un nouveau contrat social.
Qui pour faire ce travail ?
Pour réaliser cette refondation du pays, nous devons admettre une fois pour toutes que c’est la tâche principale de ceux qui souffrent, qui n’en sont pas les bénéficiaires et qui aspirent à quelque chose de meilleur. On ne peut pas attendre que le bourreau prenne l’initiative de libérer ses victimes. C’est pure folie !
Pour réussir cette révolution, il ne faut pas attendre de messies. Il faut prendre sa part de responsabilités et au quotidien, travailler à ne pas reproduire ce système. Sans doute, tout le monde ne peut pas en même temps faire la même chose et au même niveau. Mais tout le monde peut et doit contribuer. Chacun peut et doit faire la différence.
Pour sortir de cette impasse, il faut travailler au quotidien à faire grandir la masse de citoyens debout c’est – à – dire informés, formés, organisés et qui agissent pour mettre fin au système actuel des choses.
Nous ne construirons pas une société en or avec des individus qui sont en plomb. Nous ne sortirons pas de ces crises en entretenant les comportements qui nous y ont conduits. Nous ne pouvons pas croire que la guerre, les détournements, la mal gouvernance, le népotisme, le tribalisme et le favoritisme disparaitront tant que nous continuons à être les agents passifs ou actifs de ces derniers.
Nous sommes nos propres sauveurs et nos propres fossoyeurs.