Selon une étude de 2015, que vient de rendre publique la Chambre de commerce, d’industrie, des mines et de l’artisanat (CCIMA) à Bamenda dans le Nord-Ouest, 80% du lait et produits dérivés (yaourt, fromage, beure) consommés par les ménages au Cameroun sont importés.
Si le quotidien Mutations qui en fait la révélation dans son édition en kiosque vendredi 5 février n’informe pas sur les statistiques annuelles des importations, l’on se souvient cependant que le 25 janvier 2013 au palais des Congrès de Yaoundé, en clôturant la conférence annuelle des responsables de ses services centraux et extérieurs, le ministère de l’Elevage des Pêches et des Industries animales (MINEPIA), le Dr Taiga, avait indiqué que «le Cameroun enregistre une facture laitière excessive : près de 20 milliards de F.CFA sont dépensés en moyenne chaque année, pour importer du lai». Il justifiait cela par «une faible productivité du cheptel, des revenus faibles et peu diversifiés et le faible accès au marché international».
Pourtant, Mutations indique que le chiffre avancé par la CCIMA devrait pourtant être moins important, au regard de la production locale qui représente plus de la moitié (soit environ 237000 tonnes) de la demande au niveau national. «Celle-ci tourne autour de 431000 tonnes par an. Les principaux bassins de production, à savoir l’Adamaoua, le Nord-Ouest, l’Ouest, l’Extrême-Nord et le Nord, produisent respectivement 78 000, 67 913, 15 086, 55674 et 13847 tonnes par an. Il faut ajouter à cela les 6780 tonnes issues du Centre, du Littoral, du Sud-Ouest, de l’Est et Sud», apprend-on.
Mais, le secteur laitier camerounais reste confronté à divers problèmes, notamment la transhumance et la collecte artisanale du lait, souligne le journal à capitaux privés. L’industrialisation apparaît donc comme un impératif catégorique, pour moderniser et rendre compétitif ce secteur. «Le président de la CCIMA, Christophe Eken, pense que le Cameroun est capable d’inverser la tendance extravertie de la consommation du lait, avec un cheptel de laitier évalué à 1,5 million de vaches selon des chiffres de 2015», renseigne Mutations.
Il est donc attenu du Programme d’appui à la production laitière nationale, en expérimentation dans les régions de l’Adamaoua, du Nord et de l’Extrême-Nord, des résultats probants. Le cheptel est assez important, et les conditions naturelles favorables dans la plupart des régions du pays. Le programme laitier à mettre en place doit avoir pour objectif stratégique de combler le déficit du pays dans un délai de 15 ans (2025).
Selon Maurice Makek, médecin-vétérinaire, «cela est possible. De récentes études estiment qu’avec des investissements de l’ordre de 270 milliards de Frs CFA sur 6 ans (2010-2015), investissements constitués en grande partie du bétail existant, il serait possible de lancer 44.000 petites unités de production, pouvant générer près de 45.000 tonnes de lait/an».