Le gouvernement du Cameroun a débuté ce jeudi 5 novembre 2015 à Paris, avec la rencontre des investisseurs, dans le cadre de l'émission de son tout premier emprunt souverain en devises étrangères, d'un montant qui n'excèdera pas 1,3 milliard $ finalement, a-t-on appris de sources officielles, proches de l'opération.
L'information est restée discrète, même si des indices d'un démarrage imminent de l'opération avait été donnés, avec le déplacement sur Yaoundé (capitale du Cameroun) de Frédéric Oudéa, le PDG du groupe français Société Générale, retenu comme arrangeur chef de file, avec l'accompagnement de Standard Chartered Bank Cameroon.
Pour les besoins de la rencontre des investisseurs, le Cameroun s'est déplacé avec une forte délégation dans laquelle on retrouve outre le ministre des finances Alamine Ousmane Mey, son homologue de l'économie et du plan, et des hauts responsables des deux ministères. L’enjeu est désormais de savoir quel taux sera servi au Cameroun.
Le 23 septembre 2015, le président Biya, a habilité son ministre de l’économie, à signer avec la Banque Africaine de Développement, un accord de contre-indemnité d’une valeur de 500 millions d’euros (328 milliards de FCFA). Une option qui est sensée atténuer le profil du risque pays, qui a obtenu une confirmation des notes B/B- de Standard & Poors, avec perspectives stables.
Mais le Cameroun arrive sur un marché international des capitaux devenus très chers pour les eurobonds africains. L’Angola a longtemps hésité avant de se décider finalement à lancer son eurobond de 1,5 milliard $ et le Ghana, malgré la garantie partielle obtenue auprès de la Banque mondiale, a obtenu un taux de 10,75% sur une maturité de 10 ans, pour son eurobond de 1,5 milliard $. Par ailleurs, lors de sa récente visite statutaire au Cameroun, le FMI a attiré l'attention des autorités camerounaises sur le rythme croissant de l’endettement.
Cet eurobond fait partie d’un plan visant à mobiliser un montant total de près de 1000 milliards de FCFA, afin de financer un plan d'urgence triennal supposé accélérer la croissance économique du pays. Pourtant, une partie de l’émission souveraine en cours, servira plutôt à refinancer une dette de 164 millions $ due par la Société Nationale de Raffinage, à un consortium de banques où on retrouve la filiale locale de Société Générale, Standard Chartered Bank Cameroon, Atlantique Banque (filiale du marocain Banque Centrale Populaire, et CBC Cameroon.
Enfin, même si la production pétrolière n’est pas très importante dans le PIB du Cameroun, cette matière première apporte tout de même au pays 52% de ses recettes en devises et la baisse des prix du baril ne manquera pas d'impacter sur la balance courante du pays, selon une note d’analyse publiée par Moody’s le mois de septembre dernier.
Le roadshow entamé ce jour devrait se poursuivre sur la côte ouest américaine, notamment vendredi 6 novembre 2015 dans la ville de Boston, New York le lundi suivant et la délégation terminera à Londres en Grande Bretagne le mercredi 11 novembre prochain, date à laquelle on aura une idée des premières réponses des investisseurs.