L'initiative présidentielle de recourir aux investissements étrangers pour stimuler l’économie nationale est unanimement saluée, et s’incruste dans une volonté politique du Cameroun visant à mettre en valeur ses multiples ressources naturelles en vue d’atteindre son émergence en 2035.
Une vision pragmatique déclinée dans le Dsce - le Document de stratégie pour la croissance et l’emploi, qui ne manque pas de susciter, au-delà de l’engouement qu’elle génère, des appréhensions d’un point de vue de philosophie de développement économique.
Et pour cause, aucun pays au monde ne s’est développé en comptant prioritairement sur l’extérieur. Qu’il s’agisse des pays développés ou des pays dits émergés ou émergeants, tous ont d’abord compté sur des initiatives nationales pour asseoir leurs développements, à travers la densification de la production locale, ou dans l’implication dans les investissements dans les secteurs porteurs de croissance.
Dans un monde et surtout dans les domaines où le capitalisme est impitoyable, les investissements étrangers que génèrera cette Conférence économique internationale profitent-ils réellement au Cameroun ? Quelle est la part du Cameroun dans des Contrats d’exploitation minière, des Concessions de terres pour l’exploitation agricole, des Conventions de construction de barrages énergétiques, bref de tous ces gros marchés d’investissements que le Cameroun s’apprête à concéder aux entreprises étrangères ? « Pas grand-chose », à en croire les experts.
Et même s’ils ne font jamais l’objet de transparence totale, il est de notoriété que les firmes étrangères se taillent la part du lion dans ces contrats. Et les ressources qui en découlent sont essentiellement destinées au développement des économies des pays investisseurs.
A ce rythme, on n’est pas sorti du carcan du colonialisme, avec les impacts de spoliation de nos ressources tant décriée, qui n’ont fait que contribuer à freiner le développement de l’Afrique, et partant, du Cameroun.
Erreur de stratégie
Il convient dès lors de louer et de stimuler les initiatives locales d’investissement dans ces secteurs dits stratégiques pour le développement du Cameroun, à l’instar du complexe industriel et sidérurgique de Nfifinda que développe actuellement le groupe Bocom - entreprise nationale, dans la zone de kribi, ou encore la Cameroon mining limited - une compagnie d’exploration et d’exploitation minière de droit camerounais qui, en plus du groupe Bocom, sont les deux entreprises nationales en activité dans le secteur de l’exploration et de l’exploitation minière au Cameroun.
Comment comprendre qu’en plus de 50 ans d’indépendance, le Cameroun n’ait pas pu développer ses ressources humaines pour pouvoir exploiter ses mines et autres ressources qui enrichissent son sous-sol ? Erreur de stratégie ? Dans la perspective d’une émergence en 2035, n’était-il pas plus judicieux de former des cadres, même en accusant un retard, dans la perspective d’une exploitation plus rationnelle de ces ressources pour un développement plus affirmé du pays ? D
es pistes que le pays gagnerait encore à explorer pour limiter les dégâts de ce retour au colonialisme qui ne dit pas son nom, et qui ne garantit pas l’émergence d’une économie soutenue sur laquelle mise le Cameroun.
Car en fin d’analyse, en copiant les exemples de la Chine, du Japon, de l’Indonésie ou même du Brésil, l’expertise nationale est la solution la mieux adaptée pour développer une nation, la voie du salut en somme. Avis et suggestions donc à l’adresse de ceux qui nous gouvernent.