Le Cameroun veut importer 150 000 tonnes de riz

Des sacs de riz

Thu, 27 Jul 2023 Source: Mutations n° 5876

Au cours d’une réunion de concertation, le 18 juillet dernier à Yaoundé, le ministre du Commerce, Luc Magloire Mbarga Atangana a instruit les importateurs de faire une « importation rapide de 150 000 tonnes de riz pour le dernier trimestre (2023), afin de poursuivre l’approvisionnement des marchés ». L’objectif étant d’éviter une éventuelle pénurie pendant les fêtes de fin d’année.

Une instruction jugée contraire aux directives gouvernementales qui promeuvent l’import-substitution. En effet, dans la circulaire du chef de l’État relative à la préparation du budget de l’État pour l’exercice 2023, signée en août 2022, on y a noté une prescription tendant à l’accélération de la politique d’import-substitution, à travers la mise en œuvre du plan de soutien à la production et la transformation des principaux produits d’importation que sont le riz, le maïs, le blé, le soja, le mil, le sorgho, le poisson etc. De même que cette circulaire mettait l’accent sur le renforcement des incitations fiscales au profit des investissements visant la production et la transformation locales. Seulement, le gouvernement semble ignorer ces mesures, tournant à chaque fois le regard vers l’importation. Déjà en juin dernier, une note du ministre d’État, secrétaire général de la présidence de la République, Ferdinand Ngoh Ngoh, autorisait le Mincommerce à importer 400 000 tonnes de riz afin d’éviter une pénurie. Est-ce à dire que la politique d’import-substitution bat de l’aile ? Rien n’est moins sûr. Toujours est-il que le riz fait partie des produits dont l’importation plombe la balance commerciale du Cameroun.

Au terme des 10 premiers mois de l’année 2022, selon l’Institut national de la statistique (Ins), le Cameroun a importé 652 565 tonnes de riz soit une dépense publique de 162,5 milliards Fcfa. En 2021, les importations de riz se chiffraient à 207, 9 milliards de Fcfa soit 5,4% des dépenses d’importations globales du pays. On se souvient que des initiatives sont mises sur pied au plan local par le gouvernement pour limiter ces importations, à l’instar du projet Développement de systèmes rizicoles durables en Afrique subsaharienne lancé par le gouvernement en collaboration avec le FAO en 2017. L’objectif étant l’atteinte d’une production de 650 000 tonnes de riz en 2018 et 800 000 tonnes en 2020, concentré dans les bassins de Santchou dans la région de l’Ouest et de la Haute Sanaga dans la région du Centre. Selon l’Ins dans son rapport sur le commerce extérieur en 2019, la production nationale de riz est estimée à 217 280 tonnes et la demande nationale à 757 000 tonnes soit un gap d’environ 332 300 tonnes, plus ou moins comblé par les importations.

Source: Mutations n° 5876