Le Cameroun veut réduire de 50% des produits importés

Les plaidoyers du projet Centre de réseaux des filières de croissance font l’objet d’un atelier

Fri, 23 Jun 2023 Source: Le Jour n°3945

Les plaidoyers du projet Centre de réseaux des filières de croissance (CRFC) font l’objet d’un atelier ouvert hier, et qui s’achève ce jour à Yaoundé, sous la coordination du Minepat. Les clichés développés par Dr Simon Francis Yonga Bakalag, le coordonnateur national du Centre de Réseaux des filières de croissance (CRFC) au Cameroun, sont assez révélateurs d’une situation assez préoccupante.

En haute saison, l’oignon est produit en grande quantité. Les gens qui viennent du Nigeria et l’achètent à moins de 7.000FCfa le sac de 100kg. Ils vont conserver l’oignon, parce qu’ils ont le matériel de conservation. Ils reviennent en basse saison et nous revendent le sac à 60.000FCfa. Ici dans le grand Sud, il y a des moments où on a le fruit d’oignon à 100FCfa. « Il est question de mettre en place ce qu’on appelle une usine de conservation d’oignon. Elle permettra de conserver l’oignon pendant neuf mois, de manière à ce que nous ayons un prix régulier et nous puissions augmenter le prix bord champ, parce que si vous vendez à 7000FCfa, l’entretien du champ, les pesticides, les semences ont un coût. Il y a l’oignon, comme la tomate. Tout ce qui est comme concentré de tomate est importé. Les gens vont même prendre des concentrés de tomate dilués et envoyer. Quand on fait une descente technique de contrôle, ces tomates sont là. Nous les consommons à tort et à travers », décrit le coordonnateur du CRFC.

Et parlant de la tomate, le Cameroun l’exportait vers les pays de la sous-région. Après le Covid, la tomate qui se vendait à 8.000Fcfa le cageot s’est retrouvée à 1500FCfa, parce qu’il n’y a pas une structure qui est capable d’absorber la production locale. « On ne peut pas aller à l’export tant que les besoins sur le plan local ne sont pas remplis. Nous ne pouvons pas continuer à importer ce que nous-mêmes pouvons faire localement », soutient Dr Simon Francis Yonga Bakalag.

Il ajoute : « lorsqu’on vend un kilogramme de café en produit manufacturier, que nous prenons dans nos hôtels, nous sommes à 2 millions FCfa. Et lorsque ce kilogramme de café est payé au producteur, il est payé à moins de 1000FCfa. Et ce n’est pas assez incitatif. Regardez le gap entre 2 millions FCfa et 1000FCfa. Donc, il faut réduire les cotations d’importations pour créer véritablement les marchés pour les produits et les sous-produits, pour les producteurs locaux. En même temps augmenter les prix bord champ auprès des producteurs ».

Les marchés pour financer l’industrie

Ces images démontrent qu’il y a quelque chose à faire et urgemment pour mieux asseoir la politique d’import-substitution du Cameroun. L’atelier dont t le thème central est : « le CRFC, un instrument opérationnel pour la matérialisation de la politique d’import-substitution, le développement et l’autofinancement des filières de croissance de référence », est un forum de plaidoyers auprès du gouvernement de la République pour que, comme les entreprises privées n’ont pas assez de garanties, mais a des moyens, le know-how, mais qui n’a pas suffisamment de garanties ; que l’Etat s’engage avec la garantie, pour permettre au secteur privé de booster son économie.

Tel est effectivement l’objet de cette rencontre de plaidoyers entre le secteur privé, l’Etat et les bailleurs de fond, comme l’a indiqué le coordonnateur national du CRFC. Le projet CRFC a pour objectif global le développement des systèmes productifs des chaînes de valeurs des filières de croissance en réseaux de Pôles d’entreprises de production, de transformation et de commercialisation orientées dans l’import-substitution en vue de contribuer à l’équilibre de la balance commerciale du Cameroun et la consolidation de la sécurité alimentaire.

L’indicateur phare au cours de la première phase d’une durée de (08) huit ans (2023-2030) de l’intervention du projet CRFC porte sur la réduction de 50% de la facture des importations des produits et sous-produits dérivés des filières de croissance retenues dans les secteurs tels l’Aquacole, Bois, Bovine-laitière, Cacao, Café, Coton-Textile-Confection, Manioc, Palmier à huile et Oignon.

« A partir de la fixation des marchés, nous pourrons financer véritablement notre industrie. Et nous aurons les centres techniques, les pôles d’énergie. Et nous pensons que lorsque la SND-30 parle de l’import-substitution, le secteur privé est au centre de l’implémentation, parce que l’Etat fait les politiques et les stratégies », explique le coordonnateur du CRFC.

L’atelier organisé sur la base de la convention de partenariat du 04 avril 2022, relative à la mise en œuvre du CRFC au Cameroun récemment signée entre l’Etat du Cameroun représenté par le ministère de l’Economie, de la Planification et de l’Aménagement du Territoire (Minepat) et le Centre d’appui aux actions rurales de développement (CAARD), s’achève ce jour.

Source: Le Jour n°3945