La situation affecte davantage la partie septentrionale du pays, où les échanges sont très importants avec le puissant voisin nigérian. Elle provoque également la contrebande, lit-on dans L’Œil du Sahel du 19 avril 2017. « A Garoua, la capitale régionale du Nord, cette conjoncture transparaît sur les étals du marché central sur lesquels les produits en provenance du Nigeria (produits alimentaires, motocyclettes, pièces détachées, appareils électroniques, textile) ne sont plus aussi abondants que par le passé ».
Les premières victimes, indique notre confrère, ce sont les transporteurs et les transitaires. Selon Hamadou Bakari, transporteur, après la chute du Naira, les prix des produits importés ont d’abord stagné avant de connaître une hausse vertigineuse. « Il y a quatre mois, nous chargions trois à quatre camions par semaine. Mais ces derniers temps, nous avons de la peine à avoir un camion, c’est une situation qui déstabilise notre secteur », se plaint-il.
Yaouba Bouba, importateur de motos, basé à Garoua explique que « lorsque le taux de change est de 1000 FCFA pour 610 Naira, c’est nous qui perdons. De ce fait, un engin qui coûtait 400 000 FCFA il y a encore quatre mois, s’achète aujourd’hui à 450 000 FCFA, voire plus. Face à cette situation, nous n’importons désormais que 2 à 3 motos par semaine, contrairement à l’année 2016 au cours de laquelle chacun d’entre nous faisait le double du niveau actuel de ses activités. Ce d’autant que lorsque nous renchérissons aussi le prix de vente de la moto de 20 000 FCFA seulement, nos clients préfèrent se tourner vers les motos chinoises », dit-il. Il y a un an, le taux de change était de 1000 FCFA pour 780 à 800 Naira.
La perturbation touche d’autres types d’activités. A en croire les usagers, le carburant frelaté communément appelé « Zoua Zoua » a aussi connu une hausse des prix. Au lieu de 225 et 250 FCFA, il coûte désormais entre 350 et 400 FCFA. Même si les chiffres officiels ne sont pas encore disponibles, les services locaux de la Douane disent ressentir les effets de cette situation. Normal, puisque le Nigeria est le premier fournisseur du Cameroun devant la Chine.