Le consortium EDF-SFI-Rio Tinto, l’Etat du Cameroun et l’électricien Eneo ont signé, le 3 novembre 2015 à Yaoundé, un accord cadre définissant les conditions générales d'insertion dans le secteur électrique national, du barrage de Natchigal.
Cette infrastructure énergétique d'une capacité de production de 420 MW sera construite dans la région du Centre du pays. Pour cet investissement évalué à 660 milliards de francs Cfa, le groupe français EDF prendra la part la plus importante, avec 40% des financements, contre 34 et 26% à pourvoir respectivement par la SFI et l’Etat du Cameroun, a-t-on appris au cours de la cérémonie.
Grâce à cette prise d’intérêt majoritaire dans le projet Natchigal, qui conditionne l’extension de l’usine de production d’aluminium d’Edéa (Alucam), EDF fait ainsi entendre le son de cloche des opérateurs français dans la construction et l’exploitation des infrastructures énergétiques au Cameroun, secteur sur lequel règnent les opérateurs chinois, britannique et norvégien.
En effet, les entreprises de l’Empire du Milieu, remorquées par Eximbank China, se sont jusqu’ici adjugées tous les contrats de construction des barrages en cours au Cameroun. Il en est ainsi du barrage de Lom Pangar, le plus grand jamais construit dans le pays, dont la société chinoise CWE vient de réussir la mise en eau partielle dans la région de l’Est.
EDF sur le marché camerounais à l’horizon 2020
La China National Electric Engineering Corporation (CNEEC), elle, annonce pour le 15 décembre prochain, la production des premiers mégawatts du barrage de Mékin, qu’elle construit actuellement dans la région du Sud-Cameroun. Sinohydro, également actif dans le BTP, livrera bientôt le barrage de Memevé’élé, en construction dans le Sud. Dans le même temps, Hydrochina s’est positionné sur le projet de barrage de Song-Dong, tandis que la construction du barrage de la Mentchum devrait échoir une fois de plus à CWE.
Si les chinois règnent sur la construction des barrages, Britannique et norvégien, eux, ont parié sur l’exploitation. En première ligne se trouve Eneo, le concessionnaire du service public de l’électricité au Cameroun, entreprise contrôlée par le fonds d’investissement britannique Actis.
Eneo s’approvisionne auprès des centrales de Dibamba et de Kribi, détenues à 100% par la société Globeleq jusqu’à il y a encore quelques semaines. En septembre 2015, ces infrastructures ont été récemment cédées à un consortium constitué par le fonds norvégien Norfund et l’institution de financement britannique CDC Group.
Il faudra attendre la période 2020-2021, date de mise en service des sept turbines (de 60 MW de capacité chacune) du barrage de Natchigal, pour voir le Français EDF faire son entrée sur ce marché. En effet, le consortium d’investisseurs conduit par le groupe français vient de signer un contrat d’exclusivité avec Eneo, pour la fourniture de l’électricité produite par le futur barrage de Natchigal.