Les besoins cumulés en financement des pays de la Communauté économique et monétaire de l’Afrique centrale (CEMAC) sont estimés à environ 17.313,2 milliards FCFA de 2016 à 2020, selon le chef du service dettes, politiques publiques et suivi des réformes des Etats à la direction de la recherche de la Banque des Etats de l’Afrique centrale (BEAC), Nafé Daba.
Dans la Lettre de la recherche, magazine de l’Institut d’émission, il affirme que lesdits besoins revêtent un caractère structurel «hors de portée, pour la politique monétaire qui a vocation à agir sur le court terme».
Selon cet expert, la théorie économique voudrait cependant que le financement direct du déficit public, par le canal de la Banque centrale, soit une source d’inflation et crée des pressions sur les réserves de change.
«Etant donné que l’objectif de la BEAC, au plan interne, est de promouvoir la stabilisation de l’inflation autour de 3%, elle ne saura davantage intervenir directement dans le mécanisme de financement du déficit budgétaire des Etats de la CEMAC.»
Au risque de s’éloigner de ses objectifs, cette institution, dans le cadre de sa mission de conseil aux Etats membres, prône plutôt la mise en œuvre de réformes structurelles, la mise en mouvement du partenariat public-privé destiné à poursuivre les grands chantiers d’émergence et la diversification des économies et des sources de revenus.
Pour Nafé Daba, le recours au marché des capitaux et aux emprunts du Fonds monétaire international (FMI), à travers le compte des ressources générales, constitue «une des pistes à explorer vigoureusement».
Et de préconiser aux Etats de privilégier le financement extérieur semi-concessionnel ainsi que le recours à la dette intérieure négociable, réputée non inflationniste et nécessaire à l’approfondissement du marché financier, les avances directes aux pays, en raison des distorsions qu’elles génèrent, devant être progressivement abandonnées au profit des instruments de marché.
Pour l’expert de la BEAC, la maîtrise à terme de l’endettement public est aujourd’hui liée, d’une part, à la mise en œuvre d’une politique d’endettement prudente et, d’autre part, à l’amélioration de la qualité de la dépense publique et à l’accélération des réformes structurelles nécessaires à une forte impulsion de la croissance.
Il convient de noter que les économies des pays de la CEMAC restent fortement tributaires des cours mondiaux du pétrole, qui a représenté 74% des exportations en 2015 et environ 42% des recettes budgétaires et dont la chute des cours a provoqué une aggravation du déficit budgétaire, base engagement, hors dons, à 5,6% du produit intérieur brut (PIB) en 2016, contre 3,4% du PIB un an plus tôt.
Ce marasme a ainsi induit le repli de la croissance économique à 0,7% (-6,5% pour le secteur pétrolier et +3,4% pour le secteur non pétrolier), la détérioration du solde courant, dons officiels inclus à 12,4% du PIB en 2016 contre 13,3% en 2015, ainsi qu’une baisse des réserves officielles de change de 34,4%, provoquant un repli du taux de couverture de la monnaie à 63,8% contre 77,1% en 2015.
Dans ce contexte, apprend-on encore, la BEAC a assoupli les conditions d’obtention de crédit, permettant ainsi aux banques et aux Etats de recourir à ses ressources à moindre coût.
Dans le même ordre d’idées, Nafé Daba fait observer une évolution remarquable des crédits à l’économie ayant presque triplé en volume, passant de 2872 milliards à 7539 milliards FCFA entre 2008 et mars 2016.