Les coupures intempestives d'électricité entrainent de lourdes pertes chez les petits commerçants
Au Cameroun, les coupures intempestives d'électricité, font partie du train-train quotidien des populations, dont les activités subissent le contre coup. Aucune localité du pays n'est épargnée.
Kamdem Jeannot, tient une poissonnerie au quartier Mimboman de Yaoundé, il vient de perdre une cargaison de poissons et accuse Eneo, -l'entreprise chargée de la distribution de l'énergie-, d’en être responsable, « nous sommes privés d'électricité depuis trois jours. Tout le stock de poissons qu'on vient de nous livrer à la poissonnerie, est pourri.
Eneo exagère », déclare le jeune homme de 38 ans, qui dit avoir investi des économies réalisées sur cinq ans, afin de mettre sur pied sa poissonnerie, encore en phase expérimentale, pour laquelle, il ne dispose pas de groupe électrogène, qui puisse générer de l'énergie, en cas de coupures d'électricité.
Ses soucis, laissent apparaître des nouvelles rides sur son visage, et des joues creuses, qui lui donnent l'apparence d'un homme de 50 ans. Kamdem, dit être préoccupé au point de ne plus penser à se nourrir.
Son chiffre d’affaires a baissé, « je ne sais pas si je pourrai payer ma vendeuse et mon veilleur », s’inquiète le jeune homme, qui porte des habits froissés, signe qu’il manque de l’électricité, à son domicile.
À Olembé, un quartier du premier arrondissement de Yaoundé, situé à la sortie nord de la capitale, les populations se bousculent chez Arouna, pour charger les batteries de leurs téléphones. Le boutiquier possède une lampe solaire rechargeable, et peut distribuer à tour de rôle, l’énergie à ses clients, contre la modique somme de 50 FCFA, trente minutes la charge.
Au même endroit, nous retrouvons, Maïmouna, vendeuse de glaces au marché d’Etoudi, et présidente d’une association de femmes débrouillardes. Elle évoque les lourdes pertes qu’elle subit, « il y a des jours où je n’ai pas de glaces à vendre. Les sachets remplis d’eau restent dans mon congélateur, et quand je pense que je suis dans les tontines, que le gouvernement trouve une solution à ce problème de coupures d’électricité », déclare la jeune femme.
Les coupures intempestives d'électricité, surviennent également à Douala, (Littoral), Bafoussam (Ouest), Bamenda (Nord-Ouest) et dans toutes les autres régions du pays.
De nombreux autres quartiers de la ville de Yaoundé, sont régulièrement victimes de coupures d'électricité. Les familles, passent des nuits entières dans l'obscurité. Conséquence, faute d'électricité, les élèves n'arrivent pas toujours à faire leurs exercices ou leurs révisions, en cette période d'examens officiels de fin d'année scolaire.
Eneo, fait valoir un besoin d'au moins 40 000 transformateurs, pour trouver une solution à la crise d'énergie qui secoue tout le pays. L’entreprise indique qu’il existe un nombre important de fraudeurs d’électricité. Des poteaux et matériels vétustes qu’il faut remplacer. D’après elle, la fin de la crise énergétique, ce n’est pas pour aujourd’hui.
En octobre 2015, le chef de l’Etat a créé la Sonatrel, chargée de distribuer l’électricité. L’Entreprise dont le directeur général vient d’être nommé, commence à peine ses activités.
Face à une opinion largement hostile, Eneo, pour reconquérir son public, a lancé une compagne, pour promouvoir, "les bons gestes", à avoir et pouvant permettre d'économiser l'électricité.
La présidence de la République, a fait retirer les affiches des panneaux publicitaires, où on pouvait apercevoir le ministre de l'Eau et de l'énergie ou d'autres personnalités de premier plan, donner des conseils, sur l’économie d’énergie, afin disent-ils de mieux utiliser la petite quantité disponible.
Sur internet, les camerounais ont créé des pages, pour dénoncer la crise énergétique actuelle, qui secoue leur pays et demandent le départ de Nana Kontchou (Dg Eneo), et de Basile Atangana Kouna, le ministre de l’Eau et de l’Energie.
De leur côté, quelques activistes et des leaders de l’opposition, ont lancé le mouvement « Vendredi Noir », objectif, sensibiliser le maximum de camerounais, à se vêtir de noir tous les vendredis, afin de dénoncer les conditions de vie au Cameroun : absence d’eau, électricité, rançonnements dans les hôpitaux et établissements scolaires publics, arnaques dans les services administratifs.