Si tout se passe comme prévu, la localité de Nlohé dans le département du Moungo, région du Littoral, devrait d’ici trois ans, fabriquer du jus d’ananas 100% naturel.
C’est que, dans le cadre de l’Agropole de production, de transformation et de commercialisation d’ananas lancé dans cette cité jeudi dernier par le ministère de l’Economie, de la Planification et de l’Aménagement du territoire (Minepat), il est prévu la construction d’une unité semi-industrielle de transformation des ananas en jus.
Un investissement global de 1,9 milliard de F pour bénéficier de la valeur ajoutée de ces fruits dont la production devra être portée à 30 000 tonnes l’an. Ce projet rentre en droite ligne des objectifs du gouvernement en ce qui concerne la filière fruit.
En effet, à la faveur du lancement du Programme de développement de la culture des arbres fruitiers au Cameroun fin juillet dernier, le ministre de l’Agriculture et du Développement rural (Minader), Essimi Menye, émettait le vœu que le pays à l’horizon 2020, exporte des jus de fruits. Un souhait déjà émis quelques mois plus tôt, lors du lancement de la campagne agricole 2015 pour le compte de la partie septentrionale, dans la localité de Ngong, région du Nord. Là, ce sont les mangues et le foléré (jus d’oseille) qui étaient ciblés.
Il s’agit de poser les bases d’une agro-industrie solide. Avec en amont la disponibilité de la matière première en quantité et en qualité, pour ravitailler en aval les unités de transformation. Là encore, il faudra commencer par la production et la distribution des plants améliorés.
Le programme qui vient d’être lancé par le Minader avec le concours de l’Organisation des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO) devrait, dans un premier temps, mettre l’accent sur la production de ces plants d’arbres fruitiers et la formation des agriculteurs aux techniques culturales. Ce sont les jeunes, les GIC et les coopératives agricoles qui sont visés pour développer cette culture fruitière. Des zones ont été ciblées : la Vina dans l’Adamaoua ; la Lekié et le Mbam et Inoubou dans le Centre, la Benoué et le Mayo-Louti dans le Nord ; le Diamaré et le Mayo-Danay dans l’Extrême-Nord.
Sur la mise en œuvre de ce programme dans sa phase pratique, on y travaille déjà. Des informations recueillies au niveau du Minader révèlent que des pépinières ont été créées dans différentes localités du pays. Ce sont en priorité des plants de manguiers et citrus (oranges, lemons, etc.) qui y sont cultivés. En même temps, un travail de collecte des données est en cours pour dresser un diagnostic de la filière.
Mais déjà, les chances pour que les résultats escomptés dans le cadre du programme soient atteints sont grandes. De l’avis de certains spécialistes, le climat assez varié du pays offre l’opportunité de pouvoir produire des fruits en toute saison. Un atout majeur dans un contexte où l’offre actuelle est fonction des saisons dans les différents bassins de production.
Cela suppose aussi d’élargir les revenus des producteurs. Autre élément d’analyse, la forte demande en jus de fruits naturels sur le marché où les consommateurs réclament de plus en plus ces jus naturels sans conservateurs, ni produits chimiques.
Pour l’heure, des initiatives de transformation des fruits en jus existent déjà. Particuliers, GIC et coopératives pénètrent peu à peu le marché. Bien qu’il soit aujourd’hui difficile d’avancer un chiffre exact sur leurs activités, ils ravitaillent les hôtels, les restaurants et autres supermarchés du pays.
Ces petites unités locales doivent conjuguer avec la disponibilité de la matière première notamment les fruits qui ne sont pas accessibles de manière permanente. L’autre problème, c’est la conservation et le défaut d’équipements adaptés pour la transformation. L’étroitesse des ressources tant financières qu’humaines réduit les quantités produites, freinant ainsi la compétitivité avec les marques étrangères qui dominent encore les rayons.
La formation des producteurs à la culture des arbres fruitiers tel que prévu dans le programme lancé par le gouvernement est une première réponse. Tout comme le développement des pépinières. Des actions qui devraient être accompagnées d’un soutien aux initiatives déjà existantes dans la modernisation de leurs équipements, leurs arrimages aux standards internationaux et la conquête des marchés. Objectif : récupérer des parts de marché plus grandes face à la concurrence.