Plus d’un demi-siècle plus tard, le secteur manufacturier tarde à décoller et les exportations restent dominées par les matières premières à l’état brut. Jusqu’ici, le pays navigue à vue, avec un très grand déséquilibre dans la structure des activités industrielles.
La mal gouvernance, l’incompétence et le laxisme sont des maux qui asphyxient l’économie nationale selon les observateurs. Et pourtant, en mettant le curseur sur l’objectif de croissance pour 2023, après le récent lancement de l’exécution du budget de l’Etat, il est utile de rappeler les projections macroéconomiques présentées en novembre dernier par le chef du gouvernement, Joseph Dion Ngoute.
Elles tablent en effet sur une croissance de 4,2 % du Produit intérieur brut (Pib) en 2023 (contre 3,3 % en 2022), sous l’hypothèse de la poursuite de la consolidation de la reprise économique entamée en 2021 (3,6 %), et dans la perspective du retour progressif de l’économie à son sentier de croissance d’avant la crise sanitaire du Covid-19 (3,7 % en 20219 et 0,7 % en 2020).
A moyen terme, la croissance ne devrait pas dépasser 4,6 %, et pourtant, le Cameroun dispose d’un potentiel énorme pour faire mieux. En effet, la Stratégie nationale de développement du Cameroun (Snd30), mise en œuvre depuis 2021en remplacement du fameux Document de stratégie pour la croissance et l’emploi (Dsce), prévoit d’atteindre le statut de Nouveau pays industrialisé (Npi).
Ce, avec un taux de croissance presque doublé à 8 % d’ici 2030, une augmentation de l’indice de développement humain à 0,70 et une réduction de la pauvreté à moins de 25 % sur la même période. Car selon le seuil estimé par le gouvernement et compatible avec l’ambition d’émergence horizon 2035 il faut une croissance plus vigoureuse, avoisinant ou dépassant deux chiffres au cours des deux prochaines décennies.
Pour transformer ce rêve en réalité, la Snd30 dispose de quatre piliers majeurs. Notamment, la transformation structurelle de l’économie nationale ; le développement du capital humain et du bien être ; la promotion de l’emploi et de l’insertion économique et enfin, le pilier de la gouvernance, la décentralisation et la gestion stratégique de l’Etat. Aujourd’hui, le plus grand challenge pour le régime en place consiste à mettre en œuvre avec succès tous les piliers de la Snd30 comme décliné. En outre, les lignes directrices indiquées dans la Snd30, les réformes décisives prévues ou proposées devraient être effectivement mise en œuvre pour que le secteur privé soit davantage la locomotive de la croissance.
A en croire plusieurs économistes, « cela passe par un environnement des affaires moins contraignant et susceptible de booster l’investissement direct étranger. L’investissement étant le moteur de la croissance, l’attractivité du Cameroun doit être renforcée auprès des détenteurs de capitaux qui maîtrisent en plus du savoir-faire (technologies et compétences) dont nous avons besoin pour appliquer la politique de l’import-substitution afin de réduire le déficit structurel de la balance commerciale ».
Selon L’Institut national de la statistique (Ins), celle-ci était en 2021 de -1 478 milliards de Fcfa et le solde commercial (en pourcentage du Pib), de - 7,4 % en glissement annuel la même année. La facture des importations se chiffrant quant à elle à 3871,4 milliards de Fcfa sur la période, en hausse de 21,8 % par rapport à l’année 2020. Dans ce contexte, la traduction dans les faits du Plan directeur d’industrialisation (Pdi) en tant que boussole devient un impératif.