D’une vingtaine à deux ou trois déplacements par jour, les agences de voyages qui desservent le Nord-Ouest et le Sud-Ouest à Douala, broient du noir depuis le début des villes mortes, du mois de janvier 2017.
La gare routière du rond-point Deido, dans l’arrondissement de Douala 1er, est déserte ce lundi 30 janvier 2017. Les bus et autres véhicules stationnent de part et d’autre de la chaussée. Ici, à la moindre approche d’un client potentiel, les chargeurs se précipitent scandant les noms des villes du Nord-Ouest et du Sud-Ouest desservies par leurs agences de voyage.
Mais, les clientsse font rares et c’est la faute aux villes mortes. « C’est difficile! Les trois jours par semaine de villes mortes, freinent nos activités», lance celui qu’on appelle ici Webo.
Les médias n’en parlent plus assez, pourtant les villes mortes dans les régions du Nord-Ouest et du Sud-Ouest du Cameroun se poursuivent bel et bien, avec un impact direct sur l’éducation et sur le secteur économique. Ecoles quasi désertes, commerces fermés, transport paralysés etc., les populations de cette partie du pays semblent s’être accoutumées avec cette nouvelle façon de vivre au milieu des villes mortes.
A la fin de chaque semaine, apprend--on, certains chefs de familles font le déplacement de Douala et autres villes environnantes, pour se ravitailler en nourriture. « C’est comme ça que je vis depuis le début des villes mortes », explique Ritha Atah, résidente de la ville de Buea, rencontrée à Douala. Elle est au rond-point Deido et veut emprunter un bus pour se rendre chez elle et ça fait plus de deux heures qu’elle attend patiemment que le minibus de 35 places,se remplisse.
Depuis le début de la crise, il est devenu difficile pour les chargeurs, de remplir un minibus. La patience est donc de mise. Il faut compter pratiquement 04 heures de temps pour le départ effectif vers la zone anglophone. « Les gens ont peur de se déplacer vers cette partie du pays. Avant ces villes mortes, on chargeait nos bus en 10 minutes chacun », se désole Webo.
Pourtant, le gouvernement annonçait un retour à la normale des activités dans la zone anglophone le 09 janvier dernier. Une annonce obstruée par la peur et le désespoir des populations. « Je n’ai pas le courage d’envoyer mes enfants à l’école », confie Ritha. James, son voisin de siège, va plusloin. Il ne voit plus l’intérêt de scolariser ses enfants. « Leurs aînés qu’on avait envoyé à l’école sont revenus nous rejoindre dans les plantations, parce qu’ils n’ont pas trouvé du travail. Et vous voulez que l’on fasse les mêmes erreurs en scolarisant leurs cadets ? Pour quel but ? Ce pays doit changer», dit-il un brin révolté.
En attendant, les patrons d’agences, eux, ont dû mal à joindre les deux bouts.
Entre baisse d’activités et impossibilité à desservir les villes destinataires, la jonglerie semble la seule option qui s’offre à eux. « Nous n’arrivons pas à Buea, comme par le passé. Nous faisons demi tour au niveau de à Mutengene », lance le chef d’agence. A la question de savoir pourquoi ? Il répond : « Nous avons peur que nos véhicules ne se fassent caillasser par des grévistes.
Alors, nous sommes contraints de déposer nos passagers à cet endroit là ». Pour rallier leur lieu de destination, certains passagers empruntent des motos et d’autres font de l’autostop. Les promoteurs d’agences de voyages rencontrés estiment à des millions de FCFA les pertes liées à la crise anglophone, même s’ils ne l’ont pas encore vraiment évalué.