Les professionnels du secteur ont abordé la question lors d’une récente rencontre à Maroua.
Environ 8 milliards de FCFA. C’est l’équivalent en somme des pertes dues aux vols du bétail ces trois dernières années dans la région de l’Extrême-Nord, à cause de Boko Haram. Cet argent représente 15% des pertes globales provoquées par l’activité de la secte terroriste dans cette région. Ces informations sont contenues dans L’Œil du Sahel en kiosque le 20 mars 2017.
Le journal revient sur la récente concertation à Maroua entre éleveurs, professionnels du secteur et acteurs de la société civile sur les causes des vols à répétition du bétail et leur conséquence sur l’économie camerounaise. Une activité qui se tenait en marge de l’atelier de lancement officiel des activités du Projet d’appui à l’amélioration de la productivité de l’élevage (PAPE).
Les vols de bétails, déjà fréquents avant la crise sécuritaire, se sont depuis, accentués. Selon l’un des responsables du PAPE, Mamadou Yakouba, « avant les responsables des vols du bétail dans les département du Mayo-Tsanaga et du Mayo-Sava étaient davantage des bandits de grand chemin. Ils faisaient traverser ces animaux volés vers le Nigeria. L’impact du phénomène n’était pas si considérable à ce moment-là, compte tenu du fait que cela n’avait pas une grande envergure. Mais avec l’avènement de la crise sécuritaire, ces vols se sont carrément organisés », explique-t-il.
Selon les professionnels du secteur des bovins, les communes effectuaient des prélèvements oscillant entre 500 000 et 600 000 FCFA par semaine. Des sommes qui augmentaient encore lors des marchés de bovins. Mais depuis, une chute drastique a été observée. « Cette guerre a provoqué la fermeture des marchés. Les gens sont désormais obligés de parcourir de longues distances pour vendre leurs animaux. Le fait qu’on ferme les marchés pour empêcher la circulation des animaux volés nous a fait perdre beaucoup d’argent », ajoute Mamadou Yakouba.
Le marquage des animaux ! Voilà la solution préconisée par les pouvoirs publics. C’est ce qui ressort notamment d’une descente sur le terrain effectuée par une équipe du Ministère de l’Elevage, des Pêches et des Industries Animales dans la région de l’Extrême-Nord. Mais certains responsables de tanneries sont opposés à cette pratique. Car, « le marquage cause des dommages à la peau des bêtes. Si les animaux sont marqués, c’est toute la filière de la tannerie qui sera affectée », soutient Mamadou Yakouba, ingénier zootechnicien.