Pour Bretton Woods, cette tendance à l’accroissement des dépenses pour le personnel de l’Etat pourrait compromettre la viabilité budgétaire.
Dans un rapport publié en juillet 2014 au sujet du Cameroun, le Fonds monétaire international (FMI) a émis un avis sur le gonflement de la masse salariale publique. Pour le FMI, cette tendance à l’accroissement des dépenses pour le personnel de l’Etat pourrait compromettre la viabilité budgétaire. « Ce sera inévitablement le cas si on continue à créer de nouveaux postes au rythme actuel, et si les salaires augmentent plus vite que l’inflation, ce qui est plus probable après la vague récente de recrutements de jeunes dans la Fonction publique », a indiqué le FMI.
Aussi, le Fonds note qu’une hausse des effectifs de la Fonction publique crée de nouveaux droits à pension. Certes, ces droits n’entraînent peut-être pas une dépense immédiate, mais, pense l’institution financière mondiale, ils constituent un engagement conditionnel qui doit être suivi de près pour préserver le budget d’engagements à long terme non provisionnés.
En outre, le FMI pense qu’en l’absence d’une amélioration des recettes, le gonflement de la masse salariale risque d’évincer d’autres dépenses, portant par exemple sur des biens et des services. Le déséquilibre du dosage des dépenses qui en résulterait pourrait alors compromettre la qualité de l’offre de services publics. Cela sera surtout important dans l’éducation où l’augmentation des inscriptions dans le secondaire mettra à l’épreuve l’aptitude de l’État à fournir des installations et des équipements d’enseignement de qualité élevée. La hausse rapide du nombre de fonctionnaires, soutient le FMI, ne garantit pas que l’offre de services correspondra aux attentes des bénéficiaires.
Pour le partenaire financier du Cameroun, l’expansion de la Fonction publique, en particulier dans l’éducation, pose de nouveaux problèmes de gestion pour garantir une prestation effective des services. Et donc, proposition est faite dans le sens où les fonctionnaires doivent être présents sur leur lieu de travail, y compris dans les postes les moins attractifs ; l’absentéisme doit être surveillé et freiné. En outre, le registre des fonctionnaires doit être actualisé efficacement et effectivement pour éliminer les travailleurs fantômes. L’inflation des grades dans la Fonction publique limite les possibilités de progression et risque d’accroître les frustrations et d’affaiblir la motivation.
Le FMI propose donc que l’évolution récente de la Fonction publique appelle un suivi renforcé des effectifs et de la masse salariale. Il serait donc utile de mettre en place une mission chargée d’évaluer les problèmes de la Fonction publique et d’envisager des réformes de son régime pour améliorer la prestation de services sous la contrainte de la viabilité budgétaire.
Les options envisageables pour le Fonds sont les suivantes: mettre en place un cadre de dépenses à moyen terme pour modéliser les effets sur la dépense publique des décisions en matière de salaires et de recrutement; recenser les postes indispensables dans un ministère, en liaison avec les efforts faits par le gouvernement pour appliquer une budgétisation par programmes axée sur les résultats; établir un lien clair entre grades et postes pour éviter les promotions injustifiées; continuer à privilégier les hausses de salaires basées sur le mérite plutôt que sur l’ancienneté; créer éventuellement de nouveaux grades pour atténuer la pression à certains niveaux.