Le directeur général de Sotracodim, l’un des plus grands importateurs de riz, par ailleurs porte-parole du groupement des importateurs de riz du Cameroun, affirme avoir perdu plus du milliard de Fcfa en trois ans. Le prix du riz a doublé sur le marché mondial, mais l’Etat impose un prix sur le marché qui entraine des pertes énormes chez les importateurs. Les banques ne veulent plus financer le riz.
Le prix du riz a-t-il augmenté sur le marché camerounais ?
D’une façon générale au Cameroun l’inflation est encore maitrisée par le ministre du commerce. Il n y a pas une augmentation du prix du riz sur le marché local.
Pourtant en juin on craignait une possible pénurie ?
Par contre concernant la pénurie, effectivement, les nouvelles ne sont pas bonnes. Le Cameroun en générale consomme environ 40 000 tonnes de riz par mois, et vu les navires aux ports de chargements, il y a à peine 20 000 tonnes de riz dans ces ports de chargements, voir dans d’autres ports zéro tonne, en destination du Cameroun.
Qu’est ce qui explique cet état de chose ?
Il y a d’abord l’augmentation du prix d’achat du riz à l’extérieur, le blocage du prix de vente au Cameroun. L’Etat a plafonné un prix de vente qui est largement inférieur au prix d’achat, malgré les facilités qu’ils ont mises à notre disposition. Malheureusement cette facilité ne nous aide pas pour la simple raison qu’on a 55% d’augmentation à absorber. Et le ministre nous a clairement fait comprendre que nous allons prendre les pertes sur nous.
Autre chose à savoir, le riz que nous importons au Cameroun, on s’appuie sur des banques qui nous accompagnent. On s’endette, et aux dernières nouvelles, les banquiers nous ont fait comprendre qu’ils ne peuvent plus continuer à nous soutenir, pour perdre de l’argent, donc ils ne veulent plus financer le riz. Nous avons perdu nos cautions bancaires parce qu’on n’a pas pu rembourser à temps, les maisons hypothéquées on les a perdues, parce que les banquiers les ont récupérées, nos positions de marchés on les a perdues parce qu’on ne pouvait plus approvisionner à temps, on a mis des employés au chômage. On ne va pas s’endetter à la banque pour payer les salaires. Puisque le rôle d’une banque c’est de fabriquer le riche, pas de fabriquer les pauvres.
Quelles sont les facilités que le gouvernement vous accordé ?
L’Etat nous a accordé quatre facilités. Mais il y a une seule qui est respectée. Les autres, nous continuons toujours à payer. L’Etat nous a accordé l’exonération des droits de douane, les précomptes, l’annulation de payement des frais de pesage au port de Douala, et l’annulation de payement des frais de magasinage. Malheureusement au port de Douala nous continuons de payer les frais de passages et de magasinages.
Qu’est-ce que vous pouvez demander à l’Etat ?
L’Etat doit prendre le riz comme produit de première nécessité. Que l’Etat mette la main dans la poche comme il le fait pour subventionner les produits pétroliers pour le cas du riz, pour la simple raison que le prix du riz a doublé sur le marché mondial. Le riz que je vendais à 15 000f le même riz est à 25 000 fcfa. Donc soit l’Etat nous accompagne en absorbant les pertes, soit il libéralise le commerce. Puisque bientôt, on aura pénurie de riz au Cameroun. Nous somme en déficit. Le stock de sécurité est nul.
C’est quoi le stock de sécurité ?
C’est la marchandise qu’on garde toujours au magasin pour continuer d’approvisionner le marché le temps que la commande passée arrive au pays. Entre la commande et la réception il faut toujours attendre quatre mois et demi. Et nous ici, tous les deux mois, il faut commander. Ce stock de sécurité est nul.
Vous souhaitez une rencontre officielle entre les cinq grands importateurs de riz et l’Etat ?
Oui, une rencontre pendant laquelle nous allons effectivement poser nos problèmes de bases. Que l’Etat nous regroupe et nous écoute. Parce que nous avons de bonnes propositions, mais à chaque fois que nous les donnons, on les utilise contre nous. Il y a des exonérations que l’Etat donne aux importateurs qui n’ont pas importé un seul grain de riz depuis plus de trois ans, au détriment des gens qui sont là depuis 30 ans. Les facilités d’importation sont distribuées aux mauvaises personnes. Il y a beaucoup de dérives à corriger. En trois ans, Sotracodim a perdu plus du milliard de Fcfa. L’Etat dit qu’on ne paye pas le pesage, mais nous continuons à payer. Pareil pour les précomptes, le ministère des finances fait des redressements et nous continuons à payer. Ils se jouent de nous à la fin