Société sucrière du Cameroun (Sosucam), leader du marché du sucre dans le pays, est aux abois.
Au sortir d’un Conseil d’administration tenu à Yaoundé le 28 mars dernier, les dirigeants de cette filiale du groupe français Somdiaa ont d’ailleurs annoncé une probable fermeture des usines de Mbandjock et de Nkoteng, dans la région du Centre, à cause de la mévente de son sucre, consécutive, selon l’entreprise, aux importations massives.
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Effectivement, dans les marchés des villes camerounaises, le sucre abonde. A cause des importations d’environ 70 000 tonnes autorisées par le gouvernement entre mai et septembre 2017.
De sources autorisées, à sa demande, la Sosucam s’est d’ailleurs vue attribuer le quota le plus important de ces importations, qui ont provoqué une baisse des prix du sucre sur le marché. Pour le bonheur des consommateurs, surtout les musulmans, qui vont bientôt entamer le mois du jeûne du Ramadan, période généralement caractérisée par une forte demande en sucre.
En effet, apprend-on des commerçants, alors que le sac de sucre de 50 kg de la marque Sosucam est cédé à 30 000 francs Cfa à Douala et Yaoundé, les deux capitales du pays, la même quantité de sucre importé est vendue entre 22 et 23 000 francs Cfa.
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Dans le même temps, à l’Extrême-Nord du pays, rapporte le tri-hebdomadaire régional l’Oeil du Sahel, le sac de 50 kg du sucre brésilien est vendu à 27 500 francs Cfa, tandis que le produit Sosucam, lui, se négocie à 31 500 francs, soit 4 000 francs Cfa de plus.
Une «différence substantielle qui, combinée avec le pouvoir d’achat de l’immense majorité des Camerounais, peut difficilement inciter, même les plus patriotes d’entre eux, à la préférence nationale.», souligne le journal.
Pour rappel, détenue à 74% par le Français Somdiaa, contre 26% des actifs pour l'Etat du Cameroun, la Sosucam revendique une production globale de 130 000 tonnes de sucre en 2017, contre une demande nationale estimée par les autorités publiques à 300 000 tonnes. Ce qui révèle un gap de 170 000 tonnes que les agglomérées existantes ont du mal à combler, puisque s’approvisionnant elles-mêmes en matières premières auprès de la Sosucam, lorsqu’elles ne sont pas autorisées par l’Etat à importer du granulé à des tarifs douaniers préférentiels.