Pour permettre à un grand nombre de Camerounais d’acquérir un logement décent, le gouvernement, à travers le ministère de l’Urbanisme et de l’habitat a lancé depuis quelques années un programme de construction de 10.000 logements à Douala et à Yaoundé, sous le nom de propagande de « logements sociaux ». Quand on sait que les prix d’acquisition de ces logements oscillent entre 17 et 23 millions de FCFA, on se rend à l’évidence que les pauvres et les classes moyennes sont d’office exclus de ce programme.
Pour ne pas entretenir l’illusion dans la tête des pauvres, par respect, il eut été juste de ne pas parler de logements sociaux, parce que ce concept renvoie à un grand nombre, c’est-à-dire la masse populaire. Mais, à la réflexion, on découvre que le concept dit des « logements sociaux » a été lancé pour semer la confusion dans les esprits, et entretenir un rêve impossible à réaliser, c’est-à-dire celui pour un pauvre d’acquérir un logement dans ce programme. Au lieu de « logements sociaux », parlons plutôt de logements pour riches.
Il s’agit de la construction de 1675 appartements, dont 500 à Yaoundé et 1175 à Douala, sur un total attendu de 10.000 logements. Dans la publicité propagandiste, l’on affirme que « ce programme a pour but de contribuer à l’amélioration des conditions et du cadre de vie des Camerounais, l’un des principaux engagements du Président Paul Biya dans le cadre de son septennat des Grandes Réalisations (2011-2018) ». Tout cela est beau à entendre, mais dans la réalité, on découvre avec stupéfaction que ce programme n’est pas en réalité destiné à sa vraie cible, notamment, les Camerounais aux revenus modestes, puisqu’il s’agit de logements sociaux.
En consultant les prix d’acquisition, voici ce que nous avons découvert : une maison d'habitation de trois chambres, un salon et une cuisine, coûte 17 millions de francs CFA, tandis qu’une maison de quatre chambres quant à elle coûte 23 millions de francs CFA ! Même le mode de paiement permet de comprendre que les pauvres n’y sont pas concernés: le paiement cash du montant ou l'obtention d'un prêt auprès du Crédit foncier du Cameroun (CFC) !
Quand on sait que le Smig (salaire minimum interprofessionnel garanti), est d’à peine 28 500 FCFA au Cameroun, comment un pauvre peut-il avoir accès à un logement de ce standing, alors que dans les bonnes intentions, il s’agissait de loger en priorité les classes moyennes. Il y a donc eu duperie dans cette opération, et les pauvres ont été une fois de floués, car leur nom a été abusivement utilisé auprès des institutions financières internationales en vue de l’obtention des fonds qui ont permis la construction de ces logements malignement appelés logements sociaux.