Le ministre des Travaux publics (Mintp), Emmanuel Nganou Djoumessi a ordonné l’annulation de tous les contrats d’entretien routier inopérants dans le département de l’Océan. « Il faut clôturer ces marchés et les confier à des entreprises performantes. On ne peut pas mobiliser les moyens pour que les entreprises restent sans rien faire pendant que les populations souffrent », annonce sentencieusement le Mintp. C’était jeudi dernier à la clôture de la visite du chantier de construction de l’autoroute Lolabé-Kribi qui lui a permis de faire le point sur l’entretien routier dans ce département de la région du Sud.
Certains des contrats concernés datent de la programmation 2009-2011, et l’on note à défaut d’une absence totale de l’entreprise, une faible mobilisation sur le chantier, avec pour corollaire des prestations largement en deçà des attentes et des clauses du cahier de charges. Ainsi, le Mintp a instruit au délégué régional du Sud de procéder au préalable, pour chacun de ces contrats, à une évaluation de ce que l’entreprise a déjà eu à réaliser sur le terrain et de la payer en fonction de cela. Ces marchés concernent entre autres, les tronçons Lolodorf-Bipindi, long de 45 km, Bipindi-Bandewouri, d’un linéaire de 20 km et Bandewouri-Kribi, long de 45km, attribués à l’entreprise Sotac TP depuis 2009 pour un montant total de 413,6 millions de FCFA.
D’après les données du Mintp, à la date du 24 janvier 2017, l’état de mobilisation de l’entreprise révèle une absence du personnel et du matériel sur le chantier, alors que les travaux sont réalisés à 13,5% pour une consommation des délais de 176%. On indique d’ailleurs que les travaux sont en arrêt depuis le mois d’avril 2016, alors que cet axe présente un niveau de dégradation très avancé avec de nombreux points de rupture.
Cette mesure concerne également l’entreprise Kenfack et Fils, titulaire du marché d’entretien de l’axe Efoulan-Mekalat-Bipindi, absente sur le chantier malgré la notification de l’ordre de service, et « par conséquent considérée comme inexistante », selon Emmanuel Nganou Djoumessi qui a ordonné l’installation d’une autre entreprise sur ce lot. Il y a aussi la route Ebolowa-Akom II-Kribi, longue de 169 km et divisée en deux lots. Le lot Kribi- Akom II, long de 86 km pour un montant hors taxe sur la valeur ajoutée (HTVA) de 338,4 millions de FCFA, confié à l’entreprise SAWI, où l’on note un taux de réalisation de 17% contre des délais consommés à 50%, et le lot Akom II-Ebolowa, d’une distance de 83 km, attribué à Land Services pour un montant de 311,5 millions de FCFA HTVA.
Sur ces deux marchés du programme d?entretien routier (PER) 2016, l’on note une faible mobilisation pour ce qui est de Land Services et une lente progression de SAWI, bien qu’elle soit en activité. Pendant ce temps, la route est dans un état critique avec la « présence de plusieurs bourbiers qui se transforment progressivement en points de rupture », confie le groupement Pyramide Inter Maturis qui assure la mission de contrôle. Selon Guy Daniel Abouna Zoa, directeur général des travaux d’infrastructures (DGTI) au Mintp, la décision prise par Emmanuel Nganou Djoumessi est la matérialisation de la mise en oeuvre d’une instruction récurrente concernant l’entretien routier.
« Le ministre n’a de cesse de rappeler qu’il n’est pas normal qu’une route soit coupée, surtout lorsqu’elle fait l’objet d’un contrat d’entretien », justifie le DGTI. Il est donc question de confier ces marchés à de nouvelles entreprises présentant des garanties techniques et financières nécessaires pour une intervention dans une zone à forte pluviométrie telle que le département de l’Océan.