Quelques mois après la mise en eau partielle, cette bourgade, jadis peuplée d’une trentaine d’âmes, a connu un développement spectaculaire en devenant un important pôle économique. Personne ne s’attendait assurément à faire face à cette situation.
Alors que toutes les perspectives et prévisions de développement se focalisaient sur Deng Deng qui était déjà une agglomération d’une certaine importance, l’essor de Ouami a pratiquement pris tout le monde de court. Il déjoue du même coup toutes les conjectures formulées sur les retombées économiques du projet d’aménagement hydroélectrique de Lom Pangar.
En quelques mois, ce petit hameau de quelques cases, peuplé d’une trentaine d’habitants, a connu un afflux de peuplades venus d’horizons divers pour s’adonner à la pêche qui se développe à une allure impressionnante dans cette localité situé à 20 km en amont du barrage de Lom Pangar.
Boom
Depuis la mise en eau partielle du barrage intervenue au mois de septembre 2015, Ouami est une véritable cité de la pêche avec l’arrivée d’environ 7000 personnes constituées en majorité de pêcheurs. Cette localité est devenue une authentique attraction et une escale quasi obligée pour les voyageurs où tout ou presque se conjugue au poisson qui draine une foule bigarrée d’acteurs. Le poisson d’eau douce se mange sous toutes les formes, braisé, rôtis, fumé, etc., marquant d’un sceau particulier la richesse culinaire du coin. C’est le lieu où l’on trouve désormais du poisson fumé aussi bien en quantité qu’en qualité.
« Le maquereau coûte cher comme la ville est éloignée et nous n’avons pas un moyen de conservation. Et puis le poisson local est plus original », explique Asta, une restauratrice. Rien d’étonnant, qu’on y voit défiler à longueur de journée, des bus d’une compagnie opérant dans le transport, qui s’est finalement résolue à implanter une agence à Ouami. Le transporteur espère capter toutes les opportunités offertes par l’intense trafic engendré par le commerce du poisson et des activités connexes à la pêche. « Cette agence fait au moins quatre voyages par jour, en plus des petites voitures qui viennent aussi charger à une fréquence régulière », confirme sa majesté Baba Mbom, chef du village.
Vie
Mais le séjour à Ouami n’est pas pour autant ennuyeux avec ses délices. En dehors du charme dégagé par la foule joyeuse et cosmopolite qui se meut sans discontinuité, il règne en permanence dans ce village, une ambiance de fête amplifiée par « la Patience Bar chez Ivoirien ». C’est le débit de boisson le plus huppé de la place, et la plaque tournante de tous les visiteurs, qui y viennent, pour certains, aux fins de rafraîchir le palais incendié par le piment du poisson de Asta. Pour d’autres, c’est un lieu de rendez-vous, où se négocient les affaires dans un cadre convivial. En dépit de l’enclavement, les habitants de Ouami ne sont pas des attardés technologiques.