C’est ce qui ressort du rapport publié le 10 novembre 2022 par la Commission nationale anticorruption. Malgré la création de plusieurs institutions pour lutter contre ce fléau, il continue de faire les ravages.
Le préjudice financier subi par l’Etat du Cameroun dans les investigations menées par la Commission nationale anti-corruption (Conac), en 2021 se chiffre au total à vingt-quatre milliards huit cent un millions cinq cent soixante-quinze mille quatre cent soixante-onze Fcfa. C’est ce qui ressort du 11ème rapport annuel de l’état de la lutte contre la corruption au Cameroun, présenté le 10 novembre 2022 à Yaoundé. En 2021, la Conac a reçu au total 6705 dénonciations pour faits et pratiques de corruption, contre 16067 dénonciations en 2020. L’ensemble de ces dénonciations révèlent les pratiques de corruption dans le secteur de l’administration territoriale, les collectivités territoriales décentralisées, les domaines et les affaires foncières, l’éducation, les finances, les forces de maintien de l’ordre le secteur des forets et de la faune, les transports routiers et la santé.
Au titre des pratiques les plus décriées par les usagers, la Conac a mis en exergue : le monnayage de la signature de certaines autorités administratives et municipales, la concussion dans la vente des terrains relevant du domaine privé de l’Etat, l’établissement des faux titres fonciers, l’arnaque des automobilistes, la corruption lors des concours d’entrée dans certaines grandes écoles, le monnayage des recrutements dans certains établissements scolaires publics. Ces dénonciations ont également porté sur les détournements des fonds de certaines associations des parents d’élèves et enseignants, l’exploitation illégale des ressources forestières, la partialité dans les décisions rendues par les magistrats, le rançonnement et le détournement des malades dans certaines formations sanitaires, l’arnaque des usagers pour l’établissement des certificats médicaux et la vente illicite des médicaments dans certaines formations sanitaires.
Le rapport 2021 sur l’état de la lutte contre la corruption au Cameroun a bénéficié des apports de 27 départements ministériels, 10 juridictions, sept organisations de la société civile, trois institutions du contrôle, deux institutions de régulation et une communauté religieuse.
« Si l’on peut de réjouir de l’augmentation substantielle du nombre de contributions, il y a lieu de déplorer que les demandes d’informations adressées à certaines administrations soient restées à ce jour sans suite. Il s’agit notamment du ministère de la Défense, du ministère de la Justice, du ministère de l’Administration territoriale, du ministère de l’Agriculture et du Développement rural et du ministère des Domaines, du Cadastre et des Affaires foncières » explique Dieudonné Massi Gam’s, le président de la Commission nationale anti-corruption.
En présentant le rapport de 2021 sur l’état de la lutte contre la corruption au Cameroun, Dieudonné Massi Gam’s, a reconnu que le phénomène de la corruption au Cameroun persiste malgré les mesures prises par le gouvernement à travers la création de plusieurs institutions pour lutter contre ce fléau. Afin de mieux lutter contre la corruption, le président de la Conac souhaite que les ressources matérielles, financières et humaines allouées aux institutions chargées de combattre ce fléau soient augmentées. Il propose aussi de poursuivre le processus d’internalisation des instruments juridiques internationaux ratifiés par le Cameroun, par l’adoption d’une loi anti-corruption.