Accusées depuis quelques temps d’importations des huiles végétales en marge de la réglementation en vigueur, la Compagnie des produits pétroliers de l'Équateur (Coppeq) Sarl et la société African food distribution (Afd) sont dans le collimateur de l’administration fiscale camerounaise.
Et pour cause, l’entrée sur le territoire national, de manière irrégulière, des cargaisons d’huile végétale raffinée qu’elles importent a causé un gros préjudice à l’administration fiscale, en même temps que ces denrées installent une sorte de concurrence déloyale. Toutes choses qui mettent à mal le tissu industriel local déjà frileux.
C’est à cause de ce dumping que les unités de production telles que le Complexe chimique camerounais (Ccc), l’entreprise Sas et la Savonnerie et huilerie du Cameroun (Shc) ont fini par mettre la clé sous le paillasson. Et selon les acteurs du secteur, les 600 milliards de Fcfa d’investissement pour accroître l’offre en huiles végétales raffinées sont menacés, en même temps que les 50 000 emplois directs créés.
À travers ce redressement fiscal, les opérateurs visiblement véreux seront appelés à payer tous les droits jusqu’ici compromis pour leur fait. La première entreprise (Coppeq) est importatrice de l’huile Jadida et la seconde les huiles de marque Vikor et Broli. Bien plus, dans le cadre de leurs huiles frauduleusement importées, il peut y avoir des poursuites judiciaires. Ce d’autant plus qu’il s’agit d’une sorte commerce illicite et immoral.
La santé du consommateur sacrifiée sur l’autel du gain facile
D’ailleurs, s’il advienne que les consommateurs de cette huile impropre, comme le décrient les responsables de l’Association des raffineries des oléagineux du Cameroun (Asroc), éprouvent des problèmes de santé, ces entreprises peuvent être traînées devant les tribunaux.
Déjà, à travers l’opération coup de poing lancée, il y a quelques mois, par les pouvoirs publics en collaboration avec l’Asroc, les stocks d’huiles végétales importées qui sont en marge de la réglementation en vigueur (notamment la loi sur la normalisation de 1996, articles 18 et 19) et impropres à la consommation de ces opérateurs économiques véreux, sont progressivement détruits. Ce d’autant qu’en l’état actuel des choses, selon les experts en matière, il n’y a pas de possibilité de les recycler.
«Il est impossible de mettre de la vitamine A dans une huile non enrichie initialement. Et personne ne devrait accepter de consommer d’une huile conditionnée dans des bidons non translucides», soutient un expert du ministère des Mines, des Industries et du Développement technologique (Minmidt). Il y a quelques mois, au cours d’un point de presse, Jacquis Kemleu Tchabgou, secrétaire général de l’Asroc rapportait :
«Des études récentes ont montré qu’à haute température, l’huile de soja, en plus de présenter des risques cardiaques, de diabète et de cancer, pourrait également conduire à la stérilité de l’homme». Et par la même occasion il déconseillait : «La margarine ‘’Jadida’’ produite à base du soja ne doit pas être utilisée pour la pâtisserie ou toute autre cuisson, car elle devient à haute température autant que l’huile de soja cancérigène».
En dépit des opérations lancées par le Mincommerce, à travers notamment la Brigade nationale de contrôle et de répression des fraudes, les opérateurs véreux persistent dans leur commerce illicite. Certes, les cargaisons sont saisies, mais les quantités étant importantes, c’est difficile de faire disparaître tout d’un trait ces produits de la mort à petit feu.
Très inspirés dans la multiplication des moyens de contournement des mesures de lutte mises sur pied par les pouvoirs publics, ces fossoyeurs de l’industrie locale sont actuellement en train de faire écouler leurs mauvais produits dans l’arrière-pays. Des populations des villages n’étant pas suffisamment informées de la question. Vigilance donc pour les consommateurs de ces huiles qui abondent les espaces commerciaux.