Dans une «mise au point» rendue publique le 21 janvier 2016, Orange Cameroun conteste le rapport de la Commission nationale anti-corruption (Conac) présenté le 19 janvier dernier à Yaoundé, et qui impute à cet opérateur de téléphonie mobile certaines irrégularités ayant provoqué le non payement de taxes et autres redevances, pour un montant total de 76,3 milliards de francs Cfa. «Orange Cameroun, respectueuse des institutions de la République, a appris par voie de presse qu’elle figurerait sur une liste d’entreprises mises en cause par un rapport de la Commission nationale anti-corruption (Conac)», souligne l’opérateur télécoms.
Après avoir rappelé «qu’elle est une entreprise citoyenne, dont les pratiques sont arrimées aux standards éthiques les plus exigeants et reconnus comme tels à travers le monde», Orange Cameroun «se réjouit de contribuer de manière significative au développement socioéconomique du pays, notamment en s’acquittant intégralement de ses droits et taxes de toutes natures auxquels elle est assujettie, dans le respect de la règlementation en vigueur». L’entreprise annonce par ailleurs «sa disponibilité permanente pour apporter toute clarification pertinente en tant que de besoin».
Avec cette sortie d’Orange Cameroun, ce sont finalement les trois opérateurs télécoms accusés par la Conac d’irrégularités diverses au détriment du Trésor public camerounais, qui contestent le rapport de contrôle de cet organisme en charge de la lutte contre la corruption dans le pays.
Pour rappel, ce rapport accuse Camtel, MTN et Orange de devoir à l’Etat du Cameroun la somme de 170 milliards de francs Cfa, dont un peu plus de 76 milliards FCfa pour MTN ; 76,3 FCfa pour Orange et 18,1 milliards FCfa pour Camtel, l’opérateur public. Ces sommes, selon la Conac, représentent le montant cumulés de certaines taxes (sur la publicité, les jeux de hasard, etc.) non payées à l’administration fiscale, ainsi que des redevances non versées au régulateur qu’est l’ART.
Camtel et MTN aussi…
Camtel fut le premier à contester le rapport de la Conac dès le 20 janvier, en rappelant que les données y contenues «ne reflètent ni la dette actuelle de l’entreprise vis-à-vis du fisc, encore moins les obligations de Camtel envers les institutions financières nationales». Et l’opérateur historique des télécoms de poursuivre en révélant que le 6 octobre 2015, «une convention de compensation de dettes réciproques» signées avec l’Etat du Cameroun s’est avérée être «en faveur de Camtel, pour un montant total de 15 296 426 414 FCfa».
Le lendemain, MTN Cameroun, dans un communiqué officiel, remettait également en cause le rapport de la Conac, en rappelant qu’il était «un investisseur responsable parfaitement à jour de ses obligations fiscales vis-à-vis des différentes administrations compétentes», et que cette entreprise «n’est pas et n’a jamais été impliqué dans des faits de corruption, dans la conduite de ses activités».
Ce n’est pas la première fois qu’un rapport de la Conac est contesté au Cameroun. L’on se souvient qu’il y a quelques années, son rapport sur la conduite des travaux de construction de la route Ayos-Bonis, entre les régions du centre et de l’Est, avait soulevé une vague de protestations, de même que le rapport publié il y a quelques mois sur la gestion de la Sodecoton, le fleuron de l’agro-industrie dans la partie septentrionale du pays.