A deux kilomètres de la frontière du Cameroun avec le Gabon, une demi-dizaine de bâtiments et de nombreux poteaux en béton abandonnés dans la broussaille sont les seules marques visibles du marché d’Aboulou.
Un village situé à une quarantaine de kilomètres après Oveng. «En 2011, le gouvernement a voulu doter la commune d’Oveng d’un marché frontalier qui allait permettre de desservir le Gabon. Le démarrage des travaux est effectif. Mais, pas pour bien longtemps. Les travaux se sont arrêtés. Depuis lors, personne ne sait exactement ce qui s’est passé», informe André Parfait Menvongo M’Oyono, premier adjoint au maire d’Oveng.
Ce projet dont le coût est estimé à plus de 210 millions Fcfa, et dont le ministère de l’Economie, de la Planification et de l’Aménagement du Territoire (Minepat) en est le maître d’ouvrage, avait pour objectif, selon le gouverneur de la région du Sud, Félix Nguélé Nguélé, «de créer une plateforme commerciale transfrontalière entre le Cameroun et le Gabon. Les pouvoirs publics ont voulu à travers cet investissement relever le niveau de vie des populations locales, en leur épargnant les souffrances liées aux périlleux déplacements vers Sangmelima pour écouler leurs produits».
Le chantier qui devrait être livré en 2013 a été abandonné alors que le prestataire a entièrement été payé, apprendon. «Sur les treize bâtiments qui étaient prévus, à peine cinq sont sortis de terre», souligne M. Menvongo. «Il s’agit d’un cas flagrant de détournement de deniers publics qui mérite d’être sanctionné avec la dernière énergie», tranche une autorité traditionnelle du coin.
Situé au coeur du deuxième grand bassin de production du bananier plantain dans le Sud après Mvangan, ce marché a charrié beaucoup d’espoirs en raison de sa proximité avec le Gabon, dont les ressortissants ont un pouvoir d’achat relativement élevé.
«Nous attendons l’intervention de l’Etat pour que ce projet qui tient à coeur aux populations de cet arrondissement reprenne vie. Car, ce marché va permettre à notre municipalité et à tout le Dja et Lobo d’émerger économiquement », précise l’adjoint au maire.
C’est au regard de la gravité de l’acte ainsi dénoncé que le gouverneur a été contraint de faire un tour de ce côté, lors de sa récente tournée socioéconomique dans le Dja et Lobo. Le patron du Sud a toutefois promis de saisir le Minepat qui décidera de l’achèvement dudit ouvrage.