Paul Motaze s'ébat dans les eaux profondes de Kribi

19820 Louis Paul Motaze030915750 Indemnisations : Louis Paul Motaze s’ébat dans les eaux profondes de Kribi

Mon, 16 May 2016 Source: La Metéo

Le président du Comité de pilotage et de suivi dudit projet industrialo-portuaire est cité, avec insistance, dans le scandale foncier et financier qui a déjà envoyé plusieurs prédateurs derrière les barreaux.

La vague d’arrestations intervenue voici peu, en rapport avec les malversations liées aux indemnisations des populations riveraines du chantier de Port en eau profonde de Kribi, n’était sans doute rien à côté de ce qui s’annonce. Les 14 personnes actuellement en détention à la prison centrale de Yaoundé, dans le cadre de cette affaire, peuvent même apparaître comme de vulgaires lampistes si l’on s’en réfère à la chaîne de prise de décisions.

Président du comité de pilotage et de suivi dudit projet, Louis Paul Motaze est en effet au cœur du dispositif de ce gigantesque projet structurant et cristallise, de ce fait, toutes les curiosités. Selon des sources proches du dossier, le non moins ministre de l’Economie, du Plan et de l’Aménagement du territoire (Minepat) aurait même déjà été auditionné, en son cabinet, par des officiers de police judiciaire du Tribunal criminel spécial (Tcs). Info ou intox ? Toutefois, nos multiples tentatives de le joindre pour vérifier si cette rumeur qui parcourt les salles de rédaction était vraie se sont soldées par des échecs. Mais dans son entourage, il se rapporte que si le Minepat a été entendu, c’est d’abord en tant que témoin à charge et non comme suspect.

Délit d’initié. «Double cerveau», ainsi que le surnomment ses détracteurs au vu des nombreuses casquettes qu’il cumule, aura du mal à prétendre qu’il était totalement ignorant des malversations autour des indemnisations sur fond de délits d’initiés, que les chiffres les plus souvent avancés situent autour de 4 milliards de francs.

Selon de sérieuses indiscrétions en provenance de la prison de Yaoundé-Kondengui, les présumés détourneurs de ces fonds ont simplement décidé de ne pas «mourir seuls». Ils promettent de tout mettre sur la table. Déballage et ambiance assurés. Leur doigt accusateur est également pointé sur un proche du non moins ex-secrétaire général des services du Premier ministre, un certain Joël Daniel Monefong, directeur administratif et financier du chantier de complexe industrialo-portuaire de la ville balnéaire du Sud. Et donc lui aussi au centre du processus d’indemnisations.

Le noyau dur  

C’est donc une belle brochette de gestionnaires de premier plan, passés ou présents, qui devrait être embarquée dans ce dossier qui sent le souffre (voir La Météo du 12 mai 2016). Parmi lesquels Pascal Anong Adibimé (aujourd’hui sénateur), Jean Baptiste Beleoken, anciens ministres des Domaines et des Affaires foncières (Mindcaf) et l’actuelle titulaire du poste, Jacqueline Koung à Bessike. Sans oublier l’ancien gouverneur du Sud, Jules Marcellin Ndjaga, lui aussi bien installé dans le processus et les procédures. Ou encore l’ancien ministre de l’Economie, du Plan et de l’Aménagement du territoire (Minepat), Emmanuel Nganou Djoumessi. Ceux-là, et bien d’autres encore, sont généralement présentés comme les véritables architectes de ce pillage financier et foncier en eaux troubles.

En rappel, c’est le 6 février 2009 que le ministre en charge des Domaines avait déclaré d’utilité publique les travaux de construction du port en eau profonde de Kribi. Le 29 suivant, le comité Motaze entérinait le choix du site de Mboro pour l’implantation de l’infrastructure qui sera suivi, en mi-octobre 2010, d’un décret présidentiel portant classement au domaine public artificiel des terrains nécessaires aux travaux d’aménagement sur un espace de quelque 26.000 hectares. Des indemnisations seront ainsi accordées aux personnes victimes d’expropriation et/ou de destruction des biens, dans le cadre de ce gigantesque chantier.

Le processus inaugural d’indemnisation sera toutefois interrompu, les premiers constats de tripatouillage ayant été faits. D’où une tentative de toilettage – mais tout aussi viciée, comme on l’imagine par l’intrusion dans le dossier de nombreux prédateurs et dignitaires du régime. La relance du paiement des indemnisations aux populations affectées, le 12 septembre 2013 par Mme Koung à Bessike, non seulement ne changera rien à la donne mais, au contraire, accentuera un phénomène de prédation solidement installé.

Toute chose que confirmera le rapport de la mission interministérielle d’enquête et de contre-expertise des biens mis en cause, commanditée par le Premier ministre Philemon Yang. Le rapport 2012 de la Commission nationale anti-corruption (Conac) viendra enfoncer le clou, allant jusqu’à épingler nommément des pontes du régime, fieffés allogènes de Kribi mais ayant indûment empoché de fortes sommes au titre des indemnisations.

Il va donc de soi que Louis Paul Motaze, par ailleurs déjà cité dans d’autres dossiers à l’instar des malversations à la Cameroon Water Utilities Supplies (Camwater) ou encore dans la construction de la digue de Maga est, dans le rebondissement intervenu il y a quelques jours, considéré comme une pièce de choix dans la procédure judiciaire visant les indemnisations du chantier de Port en eau profonde de Kribi. Le sérail retient son souffle.

Source: La Metéo