Le président de l’association Communes et villes unies du Cameroun (Cvuc) tire les enseignements de la première édition des Journées économiques internationales des communes (Jeicom).
La première édition des Jeicom s’est tenue comme prévu du 3 au 5 décembre dernier. Quel bilan peut-on dresser ?
Satisfaction totale. Et des félicitations d’abord pour les maires. Ils se sont mobilisés. Près de 300 maires ont fait le déplacement du Palais des sports de Yaoundé. Ils étaient exposants, membres des panels, modérateurs, ils se sont mobilisés pour les projets des communes. Satisfaction aussi pour les délégations étrangères.
22 nationalités: Brésil, Égypte, Cambodge, Bénin, Sénégal, France, Belgique, Maroc, Tunisie, Italie, Canada, Côte d’ivoire, Burkina Faso, Vietnam, Chine, Turquie, Allemagne…et bien d’autres. Des élus mais aussi des opérateurs économiques du Cac 40, de la CPME… Des hôtes de marque qui ont nourri les débats dans les panels comme Pascal Affi N’guessan, ancien Premier ministre ivoirien et aujourd’hui président de région, Arnaud Ngatcha adjoint à la Mairie de Paris en charge des questions internationales et de la Francophonie.
Et le gouvernement camerounais, dont les membres sont venus nombreux apporter leur caution à cette réflexion autour des projets à valeur ajoutée dans les CTD. Nous sommes satisfaits d’avoir pu, malgré les conditions sanitaires difficiles, mobiliser ce beau monde pour une cause commune. Au bilan il y’a près de 1.000 négociations B to B, plus de 500 Mémorandum Of Understanding (MOU)- mémorandums d’entente- signés. Cela démontre bien l’engagement des différentes parties à implémenter les projets qui ont été présentés et retenus dans les CTD.
Mais tout cela n’a été possible que grâce à la mobilisation des maires, du ministère de la Décentralisation et du Développement local, du Premier ministre, chef du gouvernement mais surtout du président de la République qui a bien voulu accorder aux Jeicom21 son Très haut patronage.
C’était une ambition pour le moins audacieuse des CVUC. Les retombées sont donc à la hauteur des attentes ?
Nous sommes satisfaits de la mobilisation et souhaitons à cette occasion exceptionnelle, féliciter et remercier l’Ambassadeur de France au Cameroun qui nous a véritablement accompagnés dans l’Hexagone. Vous avez vu une forte mobilisation. Il y’avait la Mairie de Paris, les Régions, des investisseurs. Il y’avait d’ailleurs des entreprises du CAC 40 qui ont été mobilisées et celles de la CPME qui sont venues au Cameroun, ont pris part aux travaux, animé les panels. Il y’a l’AIMF etc. Ma satisfaction est totale. En plus de cela, il faut noter la présence remarquable du ministre d’État Belge, André FLAHAUT, qui a également profité de son séjour au Cameroun pour rencontrer, les sénateurs, les députés, les présidents des conseils régionaux.
Il a d’ailleurs été reçu au sommet de l’État, à la présidence de la République et par certains ministres à l’instar du ministre de l’Éducation de base. Il s’est personnellement engagé à nous accompagner et nous soutenir. C’est dans cette veine, qu’il s’est proposé d’être l’ambassadeur du Cameroun auprès du Royaume de Belgique et de l’Union Européenne en rapport avec un certain nombre de programme et de projet afin de donner un peu plus de vitalité à cette coopération chère aux CTD.
Nous avons également noté la présence de fonds d’investissement, de banquiers, des grandes entrepreneurs qui ont une vue large sur les projets au Cameroun, l’agriculture, l’élevage, la pisciculture, le tourisme, la transformation du bois notamment les égyptiens. De quoi nous rassurer. Reste à œuvrer à la pérennisation et l’implémentation des projets et l’accompagnement de communes.
Actions pour lesquelles nous sommes à la tâche. Je voudrais préciser ici qu’il y’avait un grand groupe agropastoral brésilien et une forte délégation égyptienne composée de généraux, hauts cadres du Ministère du Développement Local, le président de la Chambre d’industrie et de grands industriels dont le volume des importations annuelles est estimé à près de 500 containers de 40 pieds.
Il y a eu une dizaine de panels de discussion lors de ces assises. Avez-vous pu identifier des leviers économiques porteurs pour nos territoires ?
Il y’a eu exactement 14 panels et de 23 sessions de discussions thématiques, plus de 1000 négociations en B2B. Les quatorze panels ont permis de manière globale de constater d’une part, le déficit d’appropriation par les CTD des mécanismes économiques étatiques, de l’économie numérique, de l’économie sociale ; des mécanismes de coopération internationale et décentralisée.
Et de la nécessité de formation des acteurs autours des CTD sur les questions modernes de développement durable et de la transition verte, de digitalisation de l’état civil, de la production agricole et industrielle du développement des industries culturels et touristiques. Mais il y a aussi la préservation des forêts communales dont les coupes seront réduites pour favoriser la mise en place d une ville de transformation locale du bois, avec des Egyptiens. Il y a l’agro alimentaire avec les Brésiliens. L’écotourisme avec la valorisation des sites touristiques dans les Ctd.
Mais surtout la transformation industrielle de premier niveau au moins des produits comme le Cacao, le manioc fait par Digital Transformation Alliance et Dassault système par la mise en place de petites unités de transformation sur place. Et bien d autres secteurs dans lesquels les investissements peuvent en faire des leviers économiques des Ctd On a vu beaucoup de partenaires au cours des activités, mais la France à travers son ambassadeur était à l’honneur.
Quel rôle particulier Christophe Guilhou a-t-il joué pour la réussite de cet événement ?
C’est avec beaucoup de plaisir et de bonheur que nous relevons ici la contribution significative de nos partenaires français qui ont participé au financement des Jeicom21, à travers l’Ambassade de France et l’AIMF. Je saisi d’ailleurs cette tribune pour donner une mention spéciale à la France à travers son Ambassadeur et son équipe au Cameroun qui a bien voulu nous accompagner lors de noire séjour en Hexagone pour que nous puissions avoir la facilité des contacts.
Nous avons bien senti la ferveur de cette cacophonie économique, annoncée à l’Hippodrome de Long-champs à Paris il y’a quelques mois lors des rencontres des entrepreneurs francophones organisés par le Medef. La mobilisation a été totale y compris de la diaspora française d’origine camerounaise. Je voudrais rappeler comme précédemment énoncé, la qualité des entreprises et organisations françaises et francophones présentes aux Jeicom21.
L’action de la France mérite d’être particulièrement saluée. L’AIMF a à cette occasion, réitéré son soutien aux CTD camerounaises et réaffirmé son intérêt quant aux questions relatives au développement durable à la préservation des forets et la digitalisation des collectivités. Arnaud NGAT-CHA, l’adjoint à la Maire de Paris en charges de la Coopération Décentralisée Internationale a également lors de son intervention à l’ouverture, relevé le souhait de son institution à œuvrer en faveur l’accompagnement des femmes et la promotion du genre au Cameroun.
De votre posture de président des CVUC, que manque-t-il aux Ctd (communes et régions) pour véritablement impulser lé développement local au Cameroun ?
Il y’a une volonté du gouvernement au sommet de l’État. Il convient de noter pour l’apprécier que le président de la République et le Premier ministre soutiennent la décentralisation. Toutefois, certains ministères n’ont toujours pas intégré le concept de décentralisation tel qu’il est perçu par tout le monde aux niveaux national et international.
Vous êtes sans savoir que lorsqu’un maillon de la chaîne grippe, tout l’appareil peut gripper. Je pense qu’il faudrait que le chef du gouvernement qui est disponible et volontaire joue pleinement son râle en nous accompagnant au niveau des ministères sectoriels qui n’arrivent pas véritablement à jouer leur rôle. C’est d’ailleurs le lieu pour nous de le féliciter et le remercier pour l’audience qu’il a bien voulu nous accorder.
Audience au cours de laquelle, nous avons convenu de travailler avec les sectorielles pendant une période 90 jours .Au terme de ces travaux, nous soumettrons à l’attention du gouvernement des propositions et recommandations qui lui permettrons de mieux nous accompagner. Les ministres sectorielles devraient eux même s’impliquer au lieu d’envoyer des responsables de leurs départements ministériels avec des consignes qui deviennent des facteurs bloquants.
Nous tenons une fois de plus à réitérer ici notre gratitude à l’endroit du chef du gouvernement pour sa mobilisation, ses encouragements et ses diligences administratives dédiées à faciliter l’organisation des Jeicom21, même si malheureusement tous les ministres n’ont pas jouer leur participation pour l’organisation des Jeicom21 qui fort heureusement ont été un succès total.
En quoi est-ce que l’intercommunalité peut-elle bénéficier aux populations ?
Il faut toujours travailler en synergie car il y’a des communes qui ont des dénominateurs communs sur le plan foncier et spatial par exemple. Si l’on veut faire de l’agriculture et de l’élevage, il est plus facile de travailler en un groupement de communes que de manière isolée. Ça permet une bonne lisibilité et une capacité d’action plus large et importante, de conjuguer des synergies collectives qui répondent aux typologies sociales et géomorphologique semblable. Travailler ensemble devient donc plus bénéfiques pour elles.
Et d’ailleurs, les investisseurs sont intéressés par des groupements de communes, d’où la nécessité de développer l’intercommunalité afin d’obtenir une offre plus importante et harmonieuse. Il convient de relever à titre d’illustration, les 29 communes du corridor du fleuve Nyong qui se sont mises ensembles pour développer un potentiel touristique dormant et plusieurs autres types d’activités telles que la pisciculture, l’écotourisme et autres. Cette mutualisation donne plus de valeur ajoutée aux projets.
Vous êtes également maire de Yaoundé 7. Quel message aux populations de cette commune ?
C’est un message d’adhésion. Que. les populations de Yaoundé 7 adhèrent et participent au concert de développement économique des territoires à travers cette coopération qu’on a engrangé par l’entremise des JEICOM21 et pour que le développement des territoires soit et qu’elle ne soit pas en reste.
Après les Jeicom, que prévoit la suite ?
D’abord’ une organisation endogène des CVUC pour un meilleur accompagnement, c’est pour ça que nous avons annoncé la mise en place d’un fond national de maturation des projets qui devrait soutenir certaines Communes à bien structurer leurs projets et qui devrait effectivement financer un certain nombre de cabinets qui accepte de nous accompagner de manière sectorielle par secteur d’activités et au niveau des communes qu’ils essayent d’adhérer et de se rendre disponible pour répondre à cette philosophie même, s’approprier ce concept de commune de production et se donner à fond pour pouvoir présenter des projets, ou tout au .moins des idées de projets. Les communes devraient se rendre disponibles et jouer la partition qu’il faut, et coopérer pour que nous puissions les accompagner.
Notre action s’adosse sur celle du gouvernement à qui nous faisons un clin d’œil en rappelant les bonnes dispositions du chef du gouvernement à accompagner la décentralisation. Nous interpellons à ce qui traînent encor pas, qui ne croient pas à la décentralisation et qui ne croient pas aux J El COM21, de regagner les rangs de l’orientation stratégique du chef du gouvernement et de faire la volonté du président de la République SE Paul Biya, artisan inlassable de la décentralisation.