Dans le contexte sécuritaire actuel, le ministre des Transports veut voir plus clair sur la moralité des actionnaires de cette compagnie aérienne nationale à capitaux privés.
Annoncée sur la desserte nationale, à partir du 27 mars dernier, Fly CamInter n’a finalement pas pris son envol.
Lundi dernier, au sujet du départ manqué de la veille, les responsables de cette compagnie aérienne camerounaise, à capitaux privés, ont évoqué des « problèmes administratifs à régler », assurant que les vols seront effectifs dans une dizaine de jours.
Sauf que mardi en mi-journée, un communiqué d’Edgard Alain Mebe Ngo’o, ministre des Transports (MINT) informait l’opinion que « les activités de la compagnie aérienne AQUA 2C, qui entend opérer sous le nom commercial de Fly CamInter sont suspendues à compter du 24 mars 2016 pour non-conformité à la réglementation en vigueur ».
Qu’est-ce qui fait donc problème, quand on sait l’Autorité aéronautique (CCAA) reconnaît avoir délivré un certificat de transport aérien à cette compagnie nationale, dont les capitaux sont détenus à 51% par un privé camerounais ?
De sources proches du dossier au MINT, l’on explique que « la CCAA a délivré le certificat à Fly CamInter en 2014 mais l’an dernier, les actionnaires ont changé. Ce qui nécessite une nouvelle enquête de moralité. Surtout qu’aujourd’hui, le contexte sécuritaire national et international est particulier. Le ministre a donc pensé qu’il faut suspendre toute activité, le temps de voir plus clair sur les personnes qui portent désormais le projet ».
D’autres explications parlent de protectionnisme, question de permettre à la compagnie aérienne nationale à capitaux publics, la Camair-Co, de maintenir l’exclusivité sur les vols domestiques, le temps de se restructurer convenablement.
Depuis l’annonce de l’envol de Fly CamInter sur les lignes intérieures du pays, certains s’interrogeaient sur cette autorisation qui semble contraire aux discours. « Le gouvernement ne peut pas investir autant de fonds, déplaçant carrément un consultant de la trame de Boeing pour le redressement de la Camair-Co et dans le même temps, permettre qu’on lui fasse concurrence sur les lignes où elle peut se faire de l’argent », rapporte une autre source également proche du dossier.
Du côté de Fly CamInter, l’on préfère ne pas commenter la décision de la tutelle. Joint au téléphone, Alain Gallimard, directeur général, explique simplement qu’un communiqué officiel est en préparation.
A la CCAA, l’on indique que Fly CamInter est le nom commercial de la compagnie EQUA 2C, qui a reçu sa licence d’exploitation en 2013 et son certificat de transport aérien en 2014. Effectivement, en 2015, il y a eu un changement d’actionnaires.
D’où la nouvelle enquête de moralité qui s’impose et dont le résultat est attendu. Avec la tolérance administrative connue au Cameroun, cette compagnie a cru pouvoir se lancer. Mais, pour cause d’insécurité ambiante, le MINT aurait estimé que l’heure n’est pas à la légèreté.