Régions anglophones: 6434 emplois perdus depuis le début de la crise

Ces chiffres sont contenus dans un rapport que vient de publier le Groupement inter-patronal du Cameroun (Gicam).

On en sait un peu plus sur les dégâts économiques occasionnés par la crise sociopolitique qui sévit dans les régions du Nord-Ouest et du Sud-Ouest. Des données détaillées sur l’impact de cette crise viennent d’être communiquées par Gicam à travers une étude datant de juillet 2018. Ce rapport révèle que plus de 269 milliards FCFA de chiffre d’affaires se sont envolés depuis le début de la crise anglophone. Pour ce qui de la destruction de biens immobiliers, de matériels roulants et meubles, les pertes se chiffrent à 2,153 milliards FCFA.

Dans le même temps, 8000 emplois relevant du secteur formel sont menacés, tandis que 6434 emplois sont déjà définitivement perdus sur les sites en arrêt de production des agro-industries. Ces données catastrophiques résultent de plusieurs facteurs : les opérations « villes mortes », l’interruption du signal d’internet et qui aura duré trois mois, les attaques ciblées contre les structures économiques, ainsi que les menaces, enlèvements, rackets et assassinats des employés et responsables d’entreprises.

Le secteur agricole fait partie des plus grandes victimes. En effet, les régions anglophones concentrent une part importante des activités agricoles du Cameroun (café, thé, cacao, palmiers à huile). Le Nord-Ouest représente à cet effet 70% de la production nationale du café arabica. Le Sud-Ouest quant à lui fournit 45% du cacao.

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« Le Sud-ouest a perdu sa première place dans la production nationale de cacao au bénéfice du Centre, passant de 45,45% des ventes nationales de cacao à 32%, soit une perte de 43000 tonnes sur la campagne 2017/2018. La perte financière qui en découle est de l’ordre de 56 milliards FCFA en valeur de recettes d’exportation, dont 35 milliards FCFA de recettes des agriculteurs du Sud-Ouest en considérant les cours du cacao sur le marché mondial. Il convient d’y ajouter les primes aux planteurs dont la redistribution est complètement compromise », rapportent les experts du Gicam.

La crise frappe aussi de plein fouet deux fleurons de l’économie nationale dans le Sud-Ouest. Notamment la Cameroon Development Corporation (CDC) et Pamol Plantation, spécialisés dans la production de la banane, de l’huile de palme et du caoutchouc. Les champs et les usines ont été vandalisés, les ouvriers attaqués et parfois assassinés, des productions entières abandonnées, etc.

Les principaux fournisseurs de CDC et Pamol ont vu un recul de leurs activités. Le Gicam parle de 12 sites en arrêt total de production et 10 en situation de fonctionnement partiel sur 29 sites, pour ce qui est de la CDC. Plus d’un milliard de biens ont été détruits et l’entreprise enregistre un manque à gagner de 12 milliards Fcfa. Dans l’hypothèse optimiste d’un retour à la normale rapide, la CDC a besoin d’une injection de fonds de 15 milliards Fcfa pour financer un éventuel plan de relance.