Il était à Maroua pour procéder au lancement de la campagne caféière. En marge de cette activité, le ministre a visité quelques magasins témoins de vente promotionnelle des produits de première nécessité tels que l'huile, le sucre le riz et la farine. Ceci dans l'optique d'accompagner les fidèles musulmans qui débutent le ramadan cette semaine. Nos confrères du journal L’OEIL DU SAHEL ont interviewé le ministre qui a répondu favorable aux questions.
Selon le ministre, cette visite à Maroua confirme tout simplement ce que nous savons de la ville de Maroua. Maroua, c’est le point de ravitaillement non simplement de la partie septentrionale du Cameroun, mais c’est au-delà. Cette visite nous a conforté dans ce que nous savions déjà et la conviction que nous avions du rôle de Maroua dans le commerce sous-régional et national.
Comme vous le savez, nous sommes à la veille du mois du ramadan. C’est le mois par excellence où les spéculateurs aiment bien jouer. Je voudrais leur dire une fois encore qu’ils auront mal misé. Ceux qui attendaient les pénuries, ceux qui espéraient éventuellement sur les faiblesses dans les approvisionnements dans les stocks pour pouvoir spéculer et spolier les consommateurs, notamment les fidèles qui observent cette période de sacrifice, seront traqués.
Ceux-là, je leur dis vous attendrez encore longtemps. Il n’y aura pas des spéculations sur les marchés camerounais, particulièrement sur les marchés de cette partie septentrionale. Pas de pénurie, par conséquent pas de spéculation. Le ramadan se passera bien. Nous sommes-là dans un magasin de stockage des céréales locales. Voyez vous-mêmes, les produits sont remplis jusqu’au niveau de toit. Les magasins sont pleins. Ça, c'est en ce qui concerne les céréales locales.
Allez dans les autres types de spéculations semi-industrielles produites localement. Je pense notamment au riz. Il y en a en abondance, au moins pour six mois. Regardons les huiles raffinées, c’est le même tableau. Nous avons des huiles qui vont couvrir la demande jusqu’en fin d’année. C’est important de le souligner. Parce qu’il y a la compétition dans ce secteur-là. C’est un secteur qui démontre également la vitalité industrielle nationale, du secteur des oléagineux c’est-à-dire des huiles raffinées. Vous avez vu les différents prix entre les opérateurs, je vais citer, sans fausse publicité, la société nationale la Sodécoton qui fait des opérations spéciales, des promotions à 1150 F le litre contre un prix normal de 1500.
Donc, des points de vente seront animés par des services déconcentrés du ministère du Commerce et les opérateurs économiques euxmêmes. L’appel que je voudrais lancer aux opérateurs de cette filière c’est de faire attention et de suivre cet exemple. De toute façon, ils seront largués. Et les gens prendront des habitudes sur les autres marques d’huiles. Ça veut dire que les prix des huiles vont forcément continuer de descendre. Vous avez la même chose sur le sucre. Vous savez ce qui se passe sur le marché international du sucre, la ressource est rare. Et beaucoup de facteurs, notamment la question de logistique, le transport etc., font que le prix du sucre sur le marché international est prohibitif. Fort heureusement, nous avons la résilience économique qui induit la résilience sociale et la résilience citoyenne.
Nous avons du sucre dans nos marchés. Bref, j’allais dire le tableau est au vert totalement. Donc les spéculateurs et ceux-là qui pensent qu’ils peuvent manipuler les gens et tirer avantages des difficultés de nos compatriotes dans un contexte international difficile, n'ont qu'à bien se tenir. Je regardais l’autre jour à la télévision étrangère, notamment française, que le tableau n’était pas du tout reluisant en France. On disait que la situation qu’ils connaissent aujourd’hui sur le double plan des approvisionnements et des prix est une situation qu’ils n’avaient jamais vécue depuis 40 ans.
Au Cameroun, peut-on dire la même chose? C’est difficile. Nous l’admettons, mais le pays est debout, nous sommes debout. Nos opérateurs, agriculteurs sont sur le terrain. Ils travaillent. Nos industriels travaillent. C’est l’appel à la solidarité vis-à-vis des commerçants et à l’endroit des consommateurs. Bref, c’est le vivre-ensemble. C’est l’occasion ou jamais de consacrer cette notion tant voulue et prescrite par notre chef de l’Etat. La grande leçon : le Cameroun et la ville de Maroua restent le carrefour de la sous-région et des marchés périphériques.
A Maroua, les magasins visités sont assez fournis. Généralement, ces produits ne sont acheminés dans l'arrière-pays. Quelles sont les dispositions prises pour que les populations des zones reculées bénéficient aussi des ventes promotionnelles ?, lui a-t-on demandé.
Pour le ministre, il ne suffit pas d’avoir des produits. Effectivement, il faut animer l’espace commercial. Et c’est la mission des pouvoirs publics d’accompagner les opérateurs dans l’animation de l’espace commercial. C’est pour cela que dans nos services, délégation régionale non seulement de l’Extrême-Nord mais également de l’Adamaoua et du Nord, mais les délégations départementales également. Nous accompagnons les opérateurs économiques pour multiplier les opérations de vente sur sites et d’animation sur sites. Il est important effectivement que l’espace soit occupé non seulement dans les chefs-lieux des départements ou des régions. Il faut que ça aille jusqu’à l’arrière-pays.
C’est la mission qui est assignée à nos responsables locaux en liaison avec les opérateurs économiques et sous la coordination des autorités administratives. Cela sera amplifié à l’occasion de cette période spéciale de ramadan. L’essentiel c’est d’avoir de la matière qui est là.
A la question de savoir pourquoi les ventes promotionnelles ne concernent que les denrées alimentaires alors que d'autres produits à l'instar des matériaux de construction connaissent également une flambée des prix, le ministre du commerce indique que si ce sont les matériaux de construction tel que vous l’exprimez, je voudrais vous le rappeler qu’aujourd’hui, en ce qui concerne le ciment, nous avons multiplié les unités de production et les nouvelles continuent de s’installer et la capacité installée en matière de ciment est largement au-delà des besoins locaux.
Pour être très concret, et vous le savez sans doute, au plus fort de la crise de la matière première sur le marché international, nous avons été obligés de prendre des mesures dites conservatoires qui sont parfaitement légales, contrairement à ce que certains ont pu penser, qui ont consisté à la suspension des exportations d’un certain nombre de produits parmi lesquels les matériaux de construction, notamment le ciment. Je voudrais vous dire qu’aujourd’hui cette mesure est levée. Si elle est levée, c’est parce que nous avons largement ce qu’il faut pour les besoins nationaux.
Là aussi, s’il y a des spéculations, ça ne peut être que quelques poches de résistance qui ne vont pas résister, justement à la réalité économique. Le ciment, il y en a. On a tendance toujours à parler que le prix ne baisse pas. Il faut faire une analyse économique fine et comprendre qu’il y a plusieurs types de ciment. Il y a aussi forcément une diversité des prix. C’est aussi notre travail de diversifier les produits en fonction de la demande, du pouvoir d’achat des populations. Les fers à béton, nous n’importons plus pour nos travaux, c’est depuis près d’une dizaine d’années.
Nous avons une industrie métallurgique nationale extrêmement forte, dynamique. Tous les projets structurants voulus par le chef de l’Etat ont été réalisés avec nos fers. D’aucuns ne le savent peut-être pas. Nous n’avons aucune crainte sur notre capacité à satisfaire la demande locale et à pouvoir exporter. Je peux vous assurer que cela vaut pour la quasi-totalité du secteur industriel. Peut-être, nous devons travailler davantage. Les produits industriels ou semi-industriels, nous n’importons plus. C’est la matière première qui peut nous faire défaut. Et la campagne est en cours avec le ministère de l’Agriculture de du Développement rural.