‘S’organiser pour éviter d’être financièrement défaillant’ - Charelzoe Menzap

Charelzoe Menzap Journaliste.png ‘S’organiser pour éviter d’être financièrement défaillant’ - Charelzoe Menzap

Tue, 7 May 2024 Source: Le Messager

Journaliste et ex-présentatrice du « Journal de la culture » sur la Crtv Yaoundé Fm 94, elle exerce de manière parallèle dans la vente de la volaille, le shopping, le négoce et d'autres activités commerciales qui lui réussissent plutôt bien. Dans les lignes qui suivent, elle partage son expérience avec les lecteurs du Messager.

Comment faites-vous pour alterner le métier de journaliste à celui d'entrepreneure ?

Je dois vous avouer qu’il n'est du tout pas facile d’alterner le métier de journaliste qui est ma passion, et celui d’entrepreneure que j’ai embrassé par la force des choses. Je ne peux donc pas prétendre que j’en ai véritablement fait une vocation. Mais ; puisqu’il faut se battre et être capable d’assurer sa survie, je me suis donc intéressé à l’auto-emploi. J’exerce une demi-dizaine d’activités différentes et j’ai une petite équipe qui gère chacune d’elle, sous ma supervision bien évidemment. A la vérité tout est dans l'organisation. Tenez par exemple, je me lève chaque matin et je descends au poulailler, je m’assure que tout va bien ; je donne à manger et à boire et parfois des médicaments aux poulets quand je constate des cas de maladie. Ça peut me prendre 30 minutes le matin et le soir. Mes journées, je les passe à la radio et une fois de retour dans l’après-midi, j’ai la tête dans mon business. Il faut être rigoureux avec les horaires et inscrire cet exercice dans son emploi de temps de manière mécanique. Au départ, j’ai failli abandonner parce que j’ai cru pouvoir tout embrasser sans m’organiser. C’est avec le temps, que je m’en suis accommodé.

Entre la vente de la volaille, le shopping, le négoce et d'autres activités commerciales, ne craignez-vous pas d'être victime du vieil adage qui dit : « qui trop embrasse mal étreint » ?

Embrasser mal, je ne pense pas. Laissez-moi vous dire comme j’aime à le répéter à ceux de mes amis qui estiment que je fais dans le « commerce général », que « l'argent a un vieux goût surtout celui qu'on travaille dur » . Du moment qu'une activité rapporte, on fonce, on y met son cœur et on prie que ça réussisse. L’investissement est un risque qui ne devrait pas effrayer ceux qui veulent faire du chiffre et réaliser des gains. Il y a des entrepreneurs qui font dans plusieurs secteurs d'activités avec un succès certain. Tant que tu as du temps, de l'expérience et la main d'œuvre qui va avec, tu es bien parti pour avoir des entrées. J’ai des jeunes travailleurs et ambitieux qui constituent mon aile dure. J’essaie de gérer mes activités selon ma disponibilité et je réparti les tâches. Par exemple, je ne plume pas les poulets ; je prends les commandes et je m'assure que l'article sera bien livré et réceptionné. Pareil pour le shopping et les autres activités.

Quelle est la recette magique pour trouver des investissements nécessaires pour lancer un business ?

Il n’y a aucune magie. Je fais des tontines, des épargnes, j’essaie de m’organiser pour éviter d’être financièrement défaillant. Je n’ai jamais débuté un business avec des crédits. C’est un conseil que j’avais reçu d’une aînée ; je le transmets à mon tour à ceux qui veulent s’engager dans une activité économique qu’on souhaite lucrative. Ayez au moins dans vos poches, 70 % de l'investissement. Pour les 30% restants, faites un crédit pour vous lancer si bien entendu l’activité requiert beaucoup de fonds. Pour l’élevage par exemple, j'ai lancé avec 60 sujets, je ne vous dirai pas à combien j’en suis aujourd'hui, mais je peux vous dire que le nombre est au-delà de toute attente. C’est vous dire que tout secteur d'activité rapporte ; il faut juste trouver ce qui nous convient et le persévérer. J'enregistre souvent des pertes. Mais le plus important, c'est de ne jamais abandonner.

La livraison à domicile de certains articles a-t-elle concrètement un avantage pécuniaire ?

Non pas vraiment. C’est juste un moyen de faciliter la tâche à certains clients puisque beaucoup n'ont pas le temps de se déplacer pour faire certains achats. La pression du boulot et des emplois de temps parfois suicidaires, ils préfèrent être livrés sur place. Surtout que la livraison est payante et en fonction de la distance et ça permet au livreur d'avoir un peu d'entrée. Bref, pour le consommateur, la livraison à domicile constitue un mode de livraison qui offre : un gain de temps ; un confort avec une absence de déplacements pour aller retirer une commande une livraison facilitée des objets volumineux ; une rapidité de réception du produit et surtout la possibilité de suivre l'acheminement du colis sur à travers les outils de communication notamment whatsapp.

L'entrepreunariat féminin ou si vous voulez, l’auto-emploi, a-t-il de beaux jours au Cameroun ?

Difficile de répondre à cette question avec exactitude. L'auto emploi dans sa dénomination de « travail autonome » ou « travail indépendant », selon des études récentes, se conçoit aujourd'hui comme alternative au travail civil et partant permet de résoudre à la fois la question de l'autonomie financière et celle du chômage. Le travail indépendant demande de redéfinir la notion de chômage et de l'insécurité. Le contexte est un facteur très significatif pour l'incitation ou le découragement au travail autonome. Dans certains pays, c'est l'Etat qui est à l'origine de cette forme d'activité par des mesures incitatives. Ce n’est pas le cas dans le nôtre. Il faut donc être ingénieuse, créative, entreprenante et courageuse pour prendre le risque d’entreprendre, le risque de s’autoemployer. Le dynamisme entrepreneurial qui existe au Cameroun aujourd’hui est un bon filon pour qui veut « se jeter à l’eau » . J’encourage les jeunes sur cette voie.

Parlez-nous des activités que vous avez organisées lors de la célébration du mois de la femme...

Pour la célébration du mois de la femme, nous avons organisé plusieurs activités. En tant que chargée des affaires culturelles et avec l'aide des membres du bureau, nous avons organisé le 06 mars dernier, un match amical de football. Opposée à une autre association, nous avons brillé sur un score de 3 buts à 1. Et le 8 mars en soirée, nous avons tenu une conférence sur la gestion du foyer en temps de crise, une journée qui s'est soldée sur une bonne note célébrée à travers une soirée dansante. C'était une occasion pour nous de partager des moments chaleureux ensemble.

De plus en plus, les jeunes filles qui disent embrasser le monde de l'entrepreneuriat en migrant dans la vente des produits capillaires, sont accusées de faire de la prostitution déguisée. Êtes-vous de cet avis ?

Vous savez, je ne peux porter de jugement sur ces filles parce que dans tous les secteurs d’activités, il y a des mercenaires, des contre-modèles, des contre exemples. A la magistrature comme dans le journalisme ; dans la Police comme dans l’enseignement ; dans le journalisme comme dans le commerce. Il y a ceux qui font du bon travail et sont des passionnés, ceux qui cravachent dur pour espérer une place au soleil. On n’ira pas jusqu’à les cataloguer. Pour moi, chacun doit exercer s'il a la possibilité, dans un secteur qui le passionne, où il se sent à l’aise. Si d'aucunes migrent vers des chemins sinueux en se livrant à des pratiques peu orthodoxes, il y’en a encore d’autres qui croient dur comme fer, qu’un jour, elles réussiront. Je m’identifie dans cette deuxième catégorie.

Source: Le Messager