Depuis quelques semaines, relève le bihebdomadaire Repères paru le 4 octobre 2017, le gouvernement et les organisations de la société civile relevant du secteur des forêts se livrent à une bataille des chiffres relatives aux efforts de lutte contre le trafic illégal de bois au Cameroun.
Pour les pouvoirs publics, souligne Repères, il s’agit à la fois du commerce aussi bien à l’exportation des produits forestiers ligneux que du marché intérieur. «Nous disposons du sommier des infractions qui est à la fois disponible sur le site internet du ministère des Forêts et de la Faune que dans nos services. En plus de le rendre disponible aussi bien auprès de nos partenaires qu’au niveau des opérateurs», a indiqué, il y a quelques mois, le ministre des Forêts et de la Faune (Minfof), Ngole Phillip Ngwese.
En face, c’est le Centre pour l’environnement et le développement (CED) et l’association Forêts et Développement (FODER) qui sont en première ligne. Pour le CED, le Cameroun perd chaque année un peu plus de 100 milliards de FCFA du fait de l’exploitation illégale et frauduleuse du bois.
Dans une étude que cette ONG vient de rendre publique, les trafics autour de l’exploitation du bois diminuent de manière drastique les recettes de l’Etat puisque ce secteur ne rapporterait en moyenne que 35 à 40 milliards de FCFA au Trésor public. «Il est difficile de fournir une évaluation exacte de la déforestation sauvage, c’est-à-dire l’exploitation illégale du bois, car du fait de son caractère frauduleux, les statistiques sont difficiles à obtenir», indique le secrétaire général du CED, Samuel Nguiffo.
S’il estime que le prix du bois illégal pose problème, Samuel Nguiffo incrimine ce qu’il considère comme de l’opacité dans la chaîne des données et des ressources. Des valeurs qu’il dit «difficilement déchiffrables». Les pertes pour les OSC touchent le patrimoine immatériel du secteur forestier.
Dans la mesure où nombre de produits souffrent d’un manque à gagner culturel. Notamment parce que certaines essences commerciales ont une valeur culturelle difficile à quantifier.
Le Centre pour l’environnement et le développement ne se contente pas de fustiger les pratiques. Il propose aux administrations publiques et autres acteurs du secteur, de mettre un accent sur la prévention. Il veut ainsi préserver le secteur forestier de la destruction dont les dégâts ne sont ni quantifiables et ni réversibles.
Du côté du gouvernement et Minfof, si l’on reconnait que des opérateurs, cadres et agents contournent parfois le dispositif législatif et réglementaire en vigueur, les responsables soulignent que tout est mis en œuvre pour éradiquer la fraude dont ils chiffrent les pertes à sept milliards de FCFA.