• Le port autonome de Douala est surendetté
• Le fisc veut bloquer les comptes bancaires de la société
• Le DG supplie le patron des impôts
Le Directeur général du port autonome de Douala a évité de justesse le blocage des comptes bancaires de la société qu’il dirige. Endetté jusqu’au cou, le DG a adressé une lettre au Directeur général des impôts pour implorer sa clémence. Tout en reconnaissant sa dette, il prend l’engagement d’honorer ses engagements. Cyrus Ngo’o, pour convaincre Modeste Mopa, évoque l’impossibilité de paiement des salaires du personnel du port autonome de Douala en cas de blocage des comptes de la société.
« A la suite de ces révélations, Cyrus Ngo’o, DG du PAD qui est au cœur de ce scandale après avoir plongé le PAD dans une situation financière catastrophique décide de négocier. Ainsi, le 19 janvier 2022, Cyrus Ngo’o va adresser à Modeste Mopa, DG des impôts une correspondance dans laquelle lui même reconnaît que des « avis tiers détenteurs ( ATD) seraient en cours de signature pour bloquer les comptes du PAD auprès des banques ».
Le DG du PAD précise dans sa lettre: « si cette action est mise en œuvre cela entraînera non seulement le non paiement des salaires du mois de janvier au personnel, avec toutes ses conséquences sociales, mais aussi le non-respect des échéances des engagements auprès des institutions financières et des autres partenaires » », rapporte le confrère Boris Bertolt.
Les faits
Le Port autonome de Douala est dans le viseur des contrôleurs de la DGI. Ils réclament à la société dirigée par Cyrus Ngoo le paiement de plus de 10,5 milliards de dettes fiscales. Pour entrer dans ses fonds, la Direction générale des impôts a saisi le 19 janvier 2021, les banques commerciales installées au Cameroun afin qu’elles bloquent les comptes du mauvais payeur.
« Faisant suite au non - paiement de la dette fiscale du port autonome de Douala, NIU: MO69900009499X, d’un montant global de Fcfa, 10 529 287 192 ( frais de poursuites de Fcfa 100 000 compris), émise sur AMR N N2820/CG du 03/04/2018, N26602/CCF du 22/03/2019, N99279/CG du 06/10/2021, et N 102658/CCF du 04/11/2021. J’ai l’honneur de vous de demander, conformément aux dispositions de l’art 76 du CGI de procéder au blocage de ses comptes bancaires ouverts dans vos livres », indique la lettre dont le lanceur d’alerte Boris Bertolt a laissé fuiter quelques extraits.
Même si l’exécution de cette requête reste peu probable, elle confirme le malaise entre plusieurs grandes entreprises du Cameroun et la Direction générale des Impôts. En effet le 16 janvier, Célestin Tawamba, le président du Groupement inter-patronal du Cameroun (Gicam), avait écrit une lettre au président de la République Paul Biya pour réclamer la tête du patron des fiscs.
«…son inaptitude à dialoguer et à faire face à la contradiction, le refus de délivrer des documents administratifs qui a entraîné des retards considérables dans la réalisation des investissements, son incapacité à concevoir une politique fiscale à court et moyen termes de nature à impulser la croissance tout en assurant un niveau appréciable de recettes à l’État, sa méconnaissance de la réalité de l’entreprise », indiquait la lettre.