Tabaski 2023 : le prix du mouton varie entre 50 000 et 450 000 FCFA

Moutons Marche Tabasky Maroua Les commerçants des bovins espèrent écouler leur bétail avant la célébration de l’Aid El Kébir

Mon, 26 Jun 2023 Source: L'oeil du Sahel N°1813

À quelques jours de la célébration de la Tabaski, les vendeurs de moutons du marché 8ème attendent toujours les clients. Il est 11h ce 24 juin. Webo et Claude Ohlé, deux vendeurs de moutons, sont assis devant leurs enclos, visages fermés, et regards attentifs. Au moindre mouvement d’un potentiel client, ils se dépêchent de l’interpeller. «Tu veux le mouton ? Viens jeter un coup d’œil», lance Webo, au passage d’un client.

Sans se faire prier longtemps, l’acheteur se dirige vers lui, ensemble, ils vont effectuer une petite visite guidée dans l'enclos. Question de bien voir la grosseur des moutons pour mieux marchander. Au bout de cinq minutes, ils ressortent de là bredouille. Cette visite n’a malheureusement pas été fructueuse, car les deux protagonistes ne se sont pas accordés sur le prix du bélier. Le temps passe et le marché est de plus en plus difficile.

Aucun client ne se pointe à l’horizon. Chaque vendeur est assis soit sur les bordures de son enclos, soit sur un banc attendant désespérément l’arrivée d’un client. « Jusqu’à ce jour, le marché est encore timide. Il y a des moutons, mais pas d’acheteurs », se plaint Webo. « Les moutons marchent ensemble mais ils n’ont pas le même prix », dit-on. Les prix pratiqués sur le marché dépendent du choix, de la grosseur et même de la race de l’animal. Ainsi, pour s’offrir un mouton pour le sacrifice, il faut débourser en moyenne la somme de 50 000 Fcfa. Les plus nantis iront jusqu’à débourser 450 000 Fcfa pour s’offrir un bélier.

« Nous avons des béliers pour toutes les bourses. Tout le monde peut trouver son compte. Il y a les béliers de 50 000 Fcfa ; 90 000 Fcfa ; 200 000Fcfa et 450 000 Fcfa selon les moyens de chacun. Même-si les acheteurs trainent encore le pas, on attend toujours. Peut-être qu'ils vont se bousculer devant nous à moins de 24 heures de la célébration », explique notre vendeur. DIFFICULTÉS D’après les commerçants, le prix du mouton est le même pendant la période ordinaire que celle du sacrifice. Pour dire que les bénéfices sont presque les mêmes. Cependant, ils se plaignent de plusieurs problèmes auxquels ils font face.

« Il faut dire qu’on rencontre de multiples difficultés. D’abord le transport de ces animaux est très délicat. Certains meurent étouffés pendant le voyage. Ensuite il faut braver la police douanière qui vous interpelle tout au long du trajet. Malheur à vous si la route est mauvaise surtout en saison de pluie », explique Abdoul un autre vendeur. En plus de ces contraintes, ils font aussi face à une concurrence déloyale. « Il y a des gens qui ont créé des marchés fictifs pour vendre le mouton au quartier Tsinga, dans le deuxième arrondissement de la ville de Yaoundé. Ceux-là ne payent ni la taxe auprès de la mairie, ni l’espace comme nous qui sommes ici. Ils vendent librement leurs moutons au vu et su de tous, sans être inquiétés par qui que ce soit », se plaint Claude Ohlé.

Il faut dire que cet état de chose ne les avantage guère, car « le client recherche toujours celui qui vend à moindre coût », poursuit-il. Encore que les prix qui sont pratiqués ici au marché 8ème sont plus élevés que ceux pratiqués à Tsinga selon eux. Pourtant, ce secteur n’est pas reconnu comme étant un marché dans lequel pouvait se pratiquer la vente du mouton. Pour ces commerçants, seul le marché du mouton qui se trouve au 8ème est réglementaire. Quoique même dans ledit marché, cette concurrence déloyale est visible et grandissante. Certains bergers Mbororo font des va et viens avec leurs troupeaux, et arrachent la clientèle à leur passage.

« Ces bergers viennent s’installer dans les couloirs du marché avec leurs animaux et la mairie n’intervient pas. Nous sommes allés nous plaindre auprès du président du marché pour dénoncer à la fois les marchés qui se sont improvisés partout dans la ville de manière illégale mais aussi, pour dénoncer la présence des bergers qui nous empêchent d’écouler nos bétails. Rien n’a été fait jusqu’ici », se lamente Webo. Il condamne par ailleurs l’attitude indifférente qu’ont les autorités compétentes face à cette situation qui détourne leur client du marché.

Source: L'oeil du Sahel N°1813