Le Cameroun est l’un des pays où le litre de carburant est le plus cher en Afrique subsaharienne, selon une récente étude d’International Oil Company. Avec une valeur moyenne de 651 F Cfa l’unité, le pays, producteur, est paradoxalement au-dessus des 594 F Cfa/l. pratiqués par le Togo, pays non producteur d’or noir. Il fait à peine mieux que la République centrafricaine et le Burkina Faso, non producteurs et sans accès à la mer et qui commercialisent le litre de carburant à 897 et 687FCfa.
Le Cameroun pourrait prendre des leçons de tarification auprès du Bénin, du Ghana, du Nigeria ou encore du Tchad (enclavé), autres pays producteurs de pétrole qui se situent respectivement à 513, 537, 261 et 480 F Cfa/l. Et que dire du Niger ? Etat lui aussi sans accès à l’océan, le prix de son litre de carburant pointe actuellement à 543 F Cfa.
Le classement d’International Oil Company, note-t-on, intervient en pleine grogne des syndicats nationaux du secteur des transports terrestres, qui projettent une grève pacifique et illimitée dès le 16 novembre prochain pour revendiquer, au premier chef, «la baisse du prix du carburant à la pompe». Dans leur mémorandum aux autorités, les protestataires constatent fort pertinemment que deux types de carburants circulent sur le territoire camerounais : l’un d’origine locale destiné exclusivement à l’exportation, et l’autre d’origine étrangère, raffiné par la Société nationale de raffinage (Sonara) à Limbe et destiné à la consommation locale.
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«Dans tous les cas de figure, constatent les syndicats des transports terrestres, les deux variantes qui sortent ou rentrent sur le territoire sont tributaires du marché pétrolier international. Et si le discours officiel indexe les prix à la pompe du pétrole entrant sur les fluctuations des cours mondiaux, d’où vient-il que le gouvernement soit en porte-à-faux avec sa propre thèse qui veut que les prix du marché intérieur respectent les cours mondiaux ?» Question pertinente, mais qui ne risque point de trouver un début de réponde de sitôt ; surtout face aux pressions des institutions financières de Bretton Woods.
La mise en conformité de l’usine de Limbe, mise en service en 1981, n’a cessé d’alimenter les annonces en terme de financement. En février dernier, le chef de l’Etat signait deux décrets dont l’un portant sur la mise à niveau de la Sonara pour un montant total de 893,3 milliards F Cfa. Le texte de Paul Biya habilitait le ministre des Finances à signer, avec une syndication de banques locales ayant pour arrangeurs Bgfi Bank Cameroun, la Société générale Cameroun et Afriland First Bank Cameroun, une convention de crédit de relais d’un montant de 143,3 milliards F Cfa pour le refinancement de l’unité de raffinage.
En outre, en mai 2012, l’Etat camerounais et l’entreprise américaine Cedecorp SA concluaient un accord en vue de la construction, à Kribi, d’une unité de raffinage de la production pétrolière locale entièrement financé par la Texas Firm Raffinery Technology Inc., pour une durée de 30 mois et 5000 emplois nécessaires. En phase de fonctionnement, la nouvelle unité devrait produire entre 200.000 et 350.000 barils de pétrole par jour. A travers sa filiale Cameroon Refinery Project, la firme américaine devra exploiter le site – censé suppléer la raffinerie de Limbe – pendant une décennie avant sa rétrocession à l’Etat du Cameroun. Ici et là, rien ne semble avoir bougé depuis lors.