Le comité camerounais de suivi de la mise en œuvre de l’Accord de partenariat économique (APE) bilatéral avec l’Union européenne (UE) a jugé «stationnaires» les négociations au niveau de la sous-région Afrique centrale.
Dans une communication publiée au lendemain de sa 15-ème session, cet organe, placé sous les auspices du ministère de l’Economie, du Plan et de l’Aménagement du territoire (MINEPAT) indique qu’après le sommet des chefs d’Etat de la sous-région, tenu le 30 juillet dernier à Malabo (Guiée Equatoriale), «le Cameroun attend la convocation d’une réunion pour faire le point sur la mise en œuvre de l’Accord du Cameroun et envisager ensemble un calendrier pour la négociation d’un Accord à caractère régional sur la base de celui du Cameroun».
Selon l’arrangement communautaire, les Etats d’Afrique centrale, réticents à la signature des APE, avaient accepté d’adhérer à un processus devant aboutir à un accord global pouvant permettre de sauvegarder le dispositif douanier sous-régional.
Il s’agissait, avait-on alors appris, de préparer un projet d’accord qui partirait de l’Accord intérimaire signé par le Cameroun en y intégrant toutes les améliorations, avant sa soumission pour validation par les ministres en charge de l’Economie en fin juin dernier à Libreville (Gabon), puis proposition au président gabonais Ali Bongo Ondimba désigné par ses pairs comme parrain des négociations.
Aujourd’hui, il apparaît clairement que le calendrier ainsi arrêté n’a pas été suivi d’effets, le sommet de Libreville n’ayant pas débouché sur une stratégie commune avant la date du 4 août 2016 fixée par l’UE pour l’entrée en vigueur des tarifs préférentiels à l’exportation.
En début août dernier, la Commission de la Communauté économique et monétaire de l’Afrique centrale (CEMAC) avait mis le Cameroun en garde contre sa démarche solitaire, lui demandant de «surseoir au démarrage du processus de démantèlement tarifaire jusqu’à la conclusion d’un accord régional, justifiant cette posture par le souci d’assurer la mise en œuvre d’un engagement commun afin de garantir la consolidation des instruments de l’Union douanière dans la région ».
Se fondant sur les dispositions pertinentes de la Convention régissant l’Union économique et monétaire de l’Afrique centrale (UMAC), la Commission rappelait qu’«un Etat qui souhaite déroger aux règles de l’Union économique et de la politique commerciale commune de la CEMAC devrait solliciter une autorisation auprès des organes communautaires compétents».
Mais, pour le MINEPAT Louis Paul Motaze, en concluant un Accord bilatéral avec l’UE, le Cameroun a voulu «préserver» ses intérêts commerciaux, sans toutefois ignorer les chocs négatifs exogènes susceptibles de dégrader la compétitivité de ses produits, dont il doit se prémunir et apporter des réponses appropriées.
Pour lui, la ratification par le pays de l’APE d'étape «relève d’une approche stratégique globale, qui vise la conquête des nouvelles parts de marché sur la scène internationale, et surtout la préservation de l’accès préférentiel de ses produits d’exportation sur le marché européen, en attendant la conclusion d’un APE régional complet et équilibré».
En termes d’évaluation, et selon les statistiques officielles, 59 opérateurs économiques camerounais ont, depuis le 4 août, bénéficié de la baisse des droits de douane lors de leurs importations, 108 déclarations d’importations ont été soumises aux exonérations des droits de douane pour un manque à gagner d’environ 51,5 millions FCFA.
Pour limiter ces pertes, les pouvoirs publics envisagent le recoupement des taxes par la direction générale des impôts, ainsi que la mise en place d’un programme de modernisation de l’économie camerounaise.
Le pays, dans le même temps, se satisfait de ce que le nombre de dossiers traités va croissant, plusieurs opérateurs économiques faisant confiance aux autorités qui ont bien voulu engager cette importante réforme.