Le constat est établi par la douane et les organisations patronales au grand dam des entreprises locales.
Difficile de lutter contre la contrebande au Cameroun. La gangrène s’accroche et résiste. Le mal est profond et les victimes nombreuses. Les produits brassicole, agroalimentaire et pharmaceutique sont à l’agonie. Pourtant, les coupables complices s’en mettent pleines les poches et n’en parlent que sous anonymat. « On n’achète en détail. Que ce soit au marché Mboppi ou au marché Congo. D’autres s’approvisionnent au Nigeria ou en Chine moyennant 50.000 ou 100.000 FCFA et plus », confie ce vendeur de produits alimentaire installé au marché Mboppi. Face à une riposte gouvernementale qui cherche encore le coup fatal, la contrebande prospère.
Sur nos frontières, dans nos ports et aéroports, la circulation frauduleuse des marchandises échappe encore à la douane. Dans le cadre des activités de sa cellule de lutte contre le commerce illicite, le Groupement inter patronal du Cameroun (Gicam) s’inquiétait lors d’une sortie médiatique en juin 2016 des statistiques actualisées sur les ravages de la contrebande et de la contrefaçon sur le marché camerounais.
D’après le Gicam, 25% des cigarettes vendues sur le marché camerounais sont issues de la contrebande. Ce qui a entraîné une perte financière de l’ordre de 4 milliards FCFA en 2015 pour les entreprises citoyennes. Les prévisions de pertes pour l’année 2016 se situaient à 2,5 milliards FCFA pour la filiale locale de la British American Tobacco (BAT).
Dans le même ordre, la douane camerounaise estime à une centaine de milliards FCFA les pertes annuelles subies par les caisses de l’Etat, du fait de la contrebande des produits pétroliers. Selon des sources administratives concordantes, plus de 5000 tonnes de sucre en provenance du Nigéria entrent frauduleusement au Cameroun chaque année, mettant ainsi en difficulté la production nationale. Pourtant, le certificat de conformité exigé est boudé et les produits identiques venus d’ailleurs sont préférés, question de prix. La fiscalité en prend un coup. Ce Fisc, pourtant pointé du doigt par certains commerçants véreux qui disent fuir des taxes d’un climat des affaires peu propice.
C’est que, la concurrence déloyale fait obstruction aux efforts d’assainissement de l’Etat. Et c’est l’économie nationale qui en pâtit. Pour Simon Omgbwa Belinga, délégué régional du Commerce du Littoral, « plus nous menons une lutte acharnée, plus ces commerçants véreux deviennent ingénieux en faisant une concurrence déloyale aux structures commerciales de la place », relève-t-il tout impuissant. Même s’il rassure qu’aucun effort n’est ménage pour continuer la lutte malgré les difficultés rencontrées au niveau des résistances et les lobbies qui semblent protéger ce phénomène hautement lucratif.
La chasse aux contrebandiers continue. Les ruses et stratégies se multiplient de part et d’autres, mais l’économie souffre. Les conditions sociales des commerçants avec. Pour son salut, le secteur informel appelle à un allègement des taxes.