L'organisme qui accuse un déficit de 16,5 milliards Fcfa, dit qu'elle pourrait fermer boutique si son projet de réforme de la sécurité sociale n'est pas appliqué.
La Cnps va fermer boutique. Ce n'est pas une exagération, c'est son directeur général, Alain Noël Mekulu Mvondo lui-même qui l'a dit au cours d'une conférence largement relayée par le quotidien à capitaux publics Cameroon Tribune. Certes ce n'est pas pour aujourd'hui, mais ça pourrait arriver demain ou plutôt après-demain. «Dans 20, ou 30 ans» pour être plus précis, si rien ne change dans le système de sécurité sociale actuel.
La cause ne devrait pas avoir de rapport avec la gouvernance managériale, mais serait en rapport avec la sincérité des entreprises (qui ne reversent pas toujours leurs cotisations auprès de la Cnps), mais aussi en rapport avec le marché camerounais du travail. Selon Alain Noël Mekulu Movondo, la Caisse nationale de prévoyance sociale accuse aujourd'hui un déficit de 16,5 milliards Fcfa. Un déficit creusé par les entreprises affiliées. Sur les 65 milliards Fcfa distribués par la Cnps dans différentes prestations sociales, seuls 2 milliards Fcfa sont reversés par les employeurs.
Outre les entreprises, le marché national ne favorise pas le développement de la branche des prestations familiales (qui engloba les allocations familiales, les allocations de maternité, les frais médicaux de grossesse et d'accouchement, les allocations prénatales, et les indemnités journalières servies aux femmes salariées bénéficiaires d'un congé de maternité. Selon le Dg de la Cnps, le secteur informel, qui, à lui-seul, représente 90% de l'emploi au Cameroun, compte 90% de travailleurs qui ne contribuent pas aux cotisations sociales et ne bénéficient pas de prestations sociales.
Le secteur rural lui aussi, confronté à une extrême pauvreté et excluant beaucoup de travailleurs, constitue une autre difficulté majeure. En plus de la fraude fiscale, avec de nombreux employeurs qui n'immatriculent pas leur personnel, combiné à l'usage de faux actes d'état civil handicapent à 10% le système de sécurité sociale au Cameroun.
Ce que prévoient les réformes...
Le retour sur la scène médiatique de ces réformes au moment où les travailleurs affiliés au système national de sécurité social reçoivent les premières primes issues de la revalorisation présidentielle (du 31 décembre 2015), n'est pas fortuit. En fait, Alain Noël Mekulu Mvondo voudrait faire passer le projet de réforme «soumis à la hiérarchie», mais partiellement pris en compte par le Président de la république le 31 décembre dernier, au cours de son discours à la nation.
Dans ce train de réformes, figurait la réforme de la branche des prestations familiales. Elles prévoyaient une revalorisation du taux de cotisations globales (de 7 à 12%) ; un relèvement du niveau de plafonnement (de 300 000 à 700 000 Fcfa) ; et une augmentation de la durée de cotisations (de 15 à 20 ans).
D'ailleurs, à la suite du cadeau de «Bonne année» (les augmentations) de Paul Biya, les négociations avec le Minfi (qui gère également les pensions des employés de l'Etat) étaient bloquées. De l'avis de nos sources, la Cnps voulait faire passer son projet de faire augmenter le montant des allocations familiales à 4500 Fcfa.
Montant que le Minfi n'était pas prêt à supporter. Finalement, les deux gestionnaires de la pension au Cameroun avaient convenu à une augmentation de 1 000 Fcfa (55%), pour porter le montant des allocations familiales à 2 800 Fcfa.