Crise anglophone: le secret bancaire dans la ligne de mire

Woman Takes Nigerian Naira From A Bank's Automated Teller Machine (ATM) In Ikeja District Le gouvernement demande aux établissements de crédit de renforcer le contrôle des opérations

Sat, 11 Mar 2017 Source: fr.allafrica.com

Le Premier ministre Philemon Yang poursuit en ce moment sa visite dans la région du Nord-ouest, une mission rendue ce jeudi à son quatrième jour. Malgré les promesses faites par diverses personnalités venues à sa rencontre, l'école n'a pas repris. Sous cape, indiquent nos envoyés spéciaux sur place, de nombreux parents jurent qu'ils continueront à garder leurs enfants à la maison tant qu'une suite favorable ne sera pas donnée aux revendications formulées depuis plusieurs semaines.

Les plus pressantes étant la libération des leaders anglophones arrêtés et le rétablissement d'internet coupé dans les régions du Nord-Ouest et du Sud-Ouest depuis mi-janvier dernier. Persistant dans son approche musclée de recherche de solution à la crise qui perdure dans les deux régions anglophones depuis bientôt quatre mois et qui paralyse l'école, l'économie mais aussi le fonctionnement des tribunaux, le gouvernement a décidé de franchir un nouveau palier.

Après la coupure de l'Internet, désormais dans la ligne de mire, le secret bancaire. Les sources du Jour indiquent en effet que mardi dernier, la Délégation générale à la sûreté nationale, le Secrétariat d'Etat à la Défense chargé de la gendarmerie, la Direction générale de la recherche extérieure, l'Agence nationale d'investigation financière (Anif) et l'Association professionnelle des établissements de crédit du Cameroun (Apeccam) représentés à un haut niveau ont été conviés à une importante séance de travail au ministère des Finances à Yaoundé.

Pour une réunion de haut niveau, instruite selon nos sources par la présidence de la République, étaient représentées quasiment tout ce que le Cameroun compte d'institutions en charge des questions de sécurité. A l'ordre du jour de la séance de travail, les mesures visant à accroître le contrôle des comptes bancaires dans les établissements de crédit du Cameroun. Sérieusement envisagée (décision déjà prise ?), indiquent nos sources, celle concernant la mise à disposition d'informations bancaires dans un délai de 48 heures sur requête d'un officier de police judiciaire (Opj).

Dans cette configuration, le procureur de la République partagerait la prérogative de la requête de la levée du secret bancaire avec les Opj. L'idée qui saute aux yeux c'est de renforcer la surveillance des flux dans les comptes de certains clients des différents établissements de crédit en activité au Cameroun. On a beaucoup parlé de flux financiers suspects en appui des mouvements sociaux qui agitent les régions anglophones.

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Bien que compréhensible dans un contexte comme celui qui prévaut en ce moment au Cameroun, l'efficacité de ce tour de vis concernant un domaine sensible touchant au secret bancaire mérite questionnement. « A un problème politique, le gouvernement répond par des mesures de privation », s'étonne une source du Jour. Quid de l'agence nationale d'investigation financière qui occupe déjà une place centrale dans le dispositif camerounais de lutte contre le blanchiment de capitaux et le financement du terrorisme ?

L'Anif dispose bien des moyens pour repérer ce qu'on appelle dans le jargon bancaire « les opérations remarquables ». Toujours à propos de l'efficacité de ces mesures, la banque étant le domaine par excellence de la confidentialité, on peut craindre que l'assouplissement envisagé dans l'encadrement du secret bancaire ne fasse désormais de la banque un secteur à risque. Le taux de bancarisation au Cameroun est déjà jugé faible. Et l'impact de telles mesures sur l'activité économique en général peut être négatif. Et la Commission bancaire de l'Afrique centrale dans tout ça?

Source: fr.allafrica.com