Après la fermeture tous azimuts des agences et représentations de Camair-Co de par l’Afrique et l’Europe (Paris), voilà enfin que se dessine la stratégie consistant à céder les droits de trafics Open Sky à Emirates.
A cet effet un voyage à Ryad (Arabie saoudite) est en train d’être organisé ces jours, avec pour chef de délégation le ministre des Transports, Edgar Alain Mebe Ngo. Vont également y prendre part, Paul Assoumou Koki, Dg de l’Autorité civile aéronautique (Ccaa) et bien sûr, Ernest Dikoum, directeur général de Camair-Co.
Un pas a été franchi dans la réduction au seul réseau domestique, des désertes de la Cameroon Airlines Corporation (Camair-Co), le transporteur aérien national. L’annonce est faite depuis quelques semaines par la direction générale de cette compagnie. Camair-co n’assure plus désormais que le réseau intérieur du Cameroun. Une option qui confirme les objectifs que s’était assigné Ernest Dikoum, au lendemain de sa prise de fonction, contre vents et marées, malgré la feuille de route approuvée par le chef de l’Etat et relative à l’implémentation du plan Boeing Consulting.
« La fermeture tous azimuts des représentations européennes et africaines de Camair-Co au lendemain de sa nomination, n’était pas anodine, explique-t-on dans les couloirs de la direction générale de cette compagnie. La suspension de la ligne de Paris qui procurait près de 70% des recettes, suivi de Lagos, Kinshasa, Malabo et autres avaient d’ailleurs soulevé de vives protestations de la direction commerciale et marketing. Sans que pour autant, Ernest Dikoum puisse en apporter des explications technicocommerciales ».
Cette stratégie de fermeture tous azimuts des agences et représentations obéissait à une logique certaine dont Ernest Dikoum et quelques affidés avaient jusqu’ici gardé le secret ; celle de dérouler le tapis rouge à son ex -employeur, Emirates, en lui accordant la 5è liberté comme on l’appelle dans le jargon de l’aviation civile. « La 5è liberté de l’air ou open Sky », explique un cadre de l’Autorité civile aéronautique (Ccaa), est un droit de trafic accordé par un Etat à un autre, non seulement de débarquer et d’embarquer dans le territoire du premier Etat, mais aussi du trafic en provenance ou à destination d’Etats tiers. ».
Autrement dit, cette 5è liberté de l’air donne le privilège d’embarquer et de débarquer dans l’Etat ayant accordé les droits, des passagers à destination ou en provenance de tout autre Etat. C’est cette 5è liberté tant redoutée par les pays à forts potentialités dans l’aviation civile et qui consacrerait la mort de Camair-Co, qu’une délégation camerounaise s’apprête à parapher à Ryad avec les Emirates.
Cette délégation conduite par le ministre des Transports, Egard Alain Mebe Ngo et composée de Paule Assoumou Koki, Dg de la Ccaa et d’Ernest Dikoum, de Camair-Co aurait ainsi l’insigne honneur d’immoler sur l’autel des intérêts occultes la compagnie tant rêvée par des Camerounais. Un cadre à la direction de l?aviation civile rencontré au ministère des Transports, est amer.
« Dans les faits, souligne-t-il, les droits de 5è liberté donneraient à Emirates, l’opportunité de transporter, au départ et à destination de tout aéroport international du Cameroun (Yaoundé, Douala, Maroua et Garoua), des passagers en provenance ou à destination de tous les pays africains, européens, américains, asiatiques et autres. Dans ce contexte, il va sans dire que la compagnie Emirates entrerait en concurrence pure et imparfaite avec Camair-Co » Etienne P, expert à l’Association internationale des transporteurs aériens (Iata) dénonce cette compétition annoncée aux armes disproportionnelles.
« Emirates, tout comme Etihad ou Qatar Airways disposent de moyens financiers colossaux et d’une flotte impressionnante de dernière génération. A cela, s’ajoutent diverses subventions qu’elles reçoivent de leurs Etats tels que le carburant, la réduction des taxes et l’octroi des redevances. Comment imaginer dans ce contexte qu’une compagnie comme Camair-Co pourrait tenir le coup dans son propre ciel ? Cela est inadmissible et les autorités camerounaises se doivent de revenir à la raison ». D’après ce dernier, il va sans dire que Camair-Co pourrait disparaître des écrans de contrôle des radars de l'aviation civile.
D’autre part, il n’est pas exclu que l’octroi de ce droit de 5è liberté entraîne un foisonnement des demandes des autres compagnies pour ce type de privilège. Bien que bénéficiant des avantages des 1eres, 2è, 3è et 4è libertés dans le ciel camerounais, des compagnies comme Air France, Turkish Airlines ou SN Bruxelles n’ont jamais raté la moindre occasion de solliciter cette 5è liberté. Qu’adviendra donc au ciel camerounais dans ce cas, étant donné que toutes ces compagnies seraient prêtes à remplir toutes les conditions, y compris occultes. Au sein du conseil d’administration de Camair-Co, c’est le branle-bas général. «Comment expliquer que ceux qui connaissent très bien la position négative des différents conseils d’administration de la compagnie sur la question, peuvent-ils organiser l’assassinat d’une compagnie si chère aux Camerounais ?» s’insurgent certains membres du Conseil d’Administration de Camair-Co.
Ainsi l’équipe nationale de football est nettement plus valable pour le gouvernement camerounais qu’une compagnie de transport aérien qui emploie au moins 3000 personnes. A quoi aura donc servi la consultation de Boeing et ses conclusions qui auront coûté tant d’argent au contribuable camerounais. Décidément les vautours ne reculent devant rien.