Depuis l’entrée en vigueur de l’accord de partenariat économique entre le Cameroun et l’Union européenne, la douane camerounaise a perdu 2,6 milliards de francs cfa, à la date du 28 février 2018, du fait des exonérations dont bénéficient certains produits à l’importation. Pour ce qui est des produits locaux exportés, ils sont estimés à 96 milliards de francs cfa.
En marge de la Foire internationale des affaires et du commerce (Fiac) qui se tient depuis samedi dernier à Douala, la Cellule d’appui à l’ordonnateur national (Caon), a organisé une conférence sous le thème: «Comment tirer profit des Ape (accords de partenariat économique, ndlr) en exportant des produits camerounais ? » Dans un contexte où plusieurs Camerounais doutent du bien fondé de l’Ape signé entre le Cameroun et l’Union européenne (Ue), il était nécessaire pour la Caon, d’apporter des éclairages sur le bien fondé de cet accord pour l’économie nationale. Ainsi, les échanges ont été axés sur la «présentation, les enjeux et les opportunités de l’Ape Cameroun-Union européenne », les « règles d’origine dans l’Ape Cameroun-Union européenne », et le « bilan de la mise en œuvre de l’Ape au 28 février 2018 ».
S’agissant justement du bilan de l’Ape Cameroun-UE, entré en vigueur le 4 août 2016, on retiendra que les pertes en matière de taxes douanières pour le Cameroun, s’élève à 2,6 milliards de francs cfa à la date du 28 février 2018, d’après Raphael Athanase Elisée Hamadjam, ingénieur principal de la statistique en service à la direction générale des douanes. Des pertes qui constituent pour lui des gains pour les entreprises locales, bénéficiaires du démantèlement tarifaire qu’a entrainé cet accord. Selon l’analyste et évaluateur des projets, les chiffres de plusieurs milliards de francs cfa qui ont circulé dans la presse en début d’année, sont non fondés. « Il faut aussi souligner que, les marchandises qui ont bénéficié de cette préférence de l’Union européenne sont estimées à une valeur de 96 milliards de francs, et que 301 opérateurs ont bénéficié de cette facilité, pour environs 2 800 opérations douanières », déclare-t-il. Avec l’importation des matières premières telles que le clinker et les intrants agricoles, les industries de cimenterie et brassicoles, sont les principales bénéficiaires de ces avantages douaniers sur le plan national. A ceci s’ajoute l’importation des machines et appareils mécaniques par les industries, des engrais et des pesticides pour l’agriculture, et les produits pharmaceutiques.
« Même si nous devons produire localement, nous devons avoir des équipements, des machines; ce que nous ne produisons pas. Donc, il faut renforcer les capacités de ces entreprises qui doivent produire le "made in Cameroon". C’est un peu le sens premier des accords de partenariat économique », lance Samuel Yemene, économiste et ingénieur statisticien à la Chambre de commerce, d’industrie, des mines et de l’artisanat du Cameroun. Avec 100 % de produits camerounais qui bénéficient des exonérations de taxes lors de leur entrée dans l’Union européen, contre 80 % dans le cas inverse, Kathrin Renner, attachée aux affaires économiques et commerciales de la délégation de l’Union européenne au Cameroun, pense que cet accord est davantage bénéfique pour notre pays que pour l’Ue.
Concernant la réticence des autre pays de la Cemac (Communauté économique et monétaire de l’Afrique centrale) à signer cet accord, Maître Désiré Loumou pense que ces derniers estiment que les mesures d’accompagnement proposées par l’Ue ne les arrangent. Ce qui n’est pas forcément le cas pour le Cameroun selon lui.