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Inflation au Cameroun : vers le spectre des évènements de février 2008 ?

Le gouvernement pris à son propre piège

Mar., 23 Nov. 2021 Source: Le Messager

La décision du pouvoir de Yaoundé de soutenir les importations risque d’aggraver le déséquilibre entre l’offre et la demande, alimentant ainsi la hausse des prix.

Le spectre des malheureux évènements de février 2008 plane-t-il à nouveau sur le ciel camerounais ? Depuis près d’un an, les prix de certains produits ne font qu’augmenter, très souvent au dessus du camerounais moyen qui doit désormais serrer la ceinture.

Une hausse vertigineuse des prix que le patronat camerounais justifie par l’explosion des taux de fret depuis le déclenchement de la crise sanitaire due au Covid-19.

« L’augmentation que l’on constate n’est pas spécifique au Cameroun. Elle a lieu dans un contexte où le monde entier commence à sortir du Covid-19 et où il y a une hausse des prix à l’international », explique un homme d’affaire.

A côté de la pandémie de coronavirus qui fait augmenter les prix à l’importation, plusieurs autres raisons expliquent la cherté de la vie en Cameroun.

« Depuis des mois, les entreprises camerounaises ont été confrontées à des délestages, réduisant leur capacité de production », explique notre source.

Et pour contenir cette hausse des prix au cours de cette fin d’année, le gouvernement a pris des mesures visant à soutenir les importations. C’est ainsi que le 16 novembre, le ministre des Finances Louis Paul Motaze a pris une décision accordant un rabattement de 80% sur le montant du fret à intégrer dans la valeur en douane.

L’objectif étant de juguler les effets de l’augmentation exponentielle du fret maritime à l’international et ainsi dissiper la menace sur la disponibilité des produits de grande consommation. Une démarche qui répond en quelques sortes aux doléances des chefs d’entreprises.

« Tout un arsenal de mesures doit être mis en œuvre pour qu’elles continuent à assurer leurs missions et faire en sorte que l’activité économique puisse se poursuivre », avait exhorté Célestin Tawamba, le président du Gicam.

Le marché local en otage

Pour de nombreux analystes économiques, la décision du gouvernement de soutenir les importations est un coup d’épée dans l’eau.

Selon l’économiste Louis-Marie Kakdeu, enseignant-chercheur à l’université de Maroua, « ce n’est pas par des mesures conjoncturelles que l’on stabilisera en quantité la consommation au Cameroun ».

Encore plus, estime-t-il, ce n’est pas en important massivement des produits non-contrôlés que le pays assure- ra en qualité la sécurité alimentaire.

« Il n’y a pas d’autres solutions durables et viables que de produire localement », sou- tient l’enseignant-chercheur. Pour lui, rien n’explique que le ministre des Finances fasse un rabattement de 80% sur les droits de douane sans imposer un cahier de charges aux importateurs pour aller dans le sens du lancement de production locale.

Par conséquent, « le plus grand importateur de riz n’a aucun hectare au Cameroun », regrette Louis-Marie Kakdeu.

En fait, soutiennent de nombreux observateurs, le marché local est pris en otage par quelques personnes qui se partagent le monopole. Tenez, à ce jour , sept per- sonnes seulement se partagent le marché du riz qui a généré environ 300 milliards de Fcfa en 2020 ; onze personnes contrôlent le marché de la farine qui a rapporté près de 200 milliards en 2020 ; et une per- sonne détient le monopole du poisson qui a généré environ 200 milliards en 2020. La décision du ministre des Finances de soutenir les importations « montre que le marché camerounais n’est pas libre », note Louis-Marie Kakdeu avant d’ajouter qu’un Etat normal n’au aucun intérêt à subventionner les importations.

« Il subventionne plutôt la production locale parce que cette dernière permet de créer la richesse au niveau local ».

Rappelons que le gouvernement essaye depuis le début de la pandémie à contenir la hausse des prix dans les marchés.

En mars 2021, l’Etat à travers le ministère du Commerce a pu trouver un compromis avec les acteurs de la filière farine de blé pour que les prix des produits à base de blé n’augmentent pas. En septembre les mêmes acteurs étaient invités à la table des échanges en compagnie de leurs collègues du ciment.

Source: Le Messager