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Cameroun : comprendre la hausse du prix de la viande

Les prix ont presque doublé

Thu, 21 Apr 2022 Source: Le Jour du 21-04-2022

Le kilogramme de cette denrée tant prisée par les consommateurs est passé de 2800 à 3000 fcfa, parfois 3200 fcfà sans os, et de 2500 à 2800 fcfa avec os. Une situation qui embarrasse les clients et rend ce produit moins présent dans le panier de la ménagère.

Alignés les uns à côté des autres, les bouchers du marché Etoudi sont à l’affut des clients. Il est presque 14 h passés d’une quinzaine de minutes. Le soleil est au Zénith. Avec des voix douces, ils essayent chacun d’attirer le plus grand nombre de clients. « Venez voir asso, il y a de la bonne viande. Je vous sers comment ? », « C’est le dernier marché, venez me faire la recette. C’est au bon prix », lancent-ils aux clients. Le pas pressant, Géraldine Ngono fait un arrêt devant un boucher. « C’est combien le kilogramme sans os », interroge-t-elle. Et au boucher de lui répondre : « C’est seulement 3000 fcfa madame et 2800 fcfa avec os. Je vous sers bien. Vous voulez combien de kilogramme ? ». Entre ses mains, Géraldine Ngono tient un billet de 5 000 fcfa.

Elle se sent embarrassée par rapport au prix qui lui est donné. « Je vais prendre un kilogramme et demi mais il faut me faire un bon service parce qu’on connait vos balances », dit-elle. Aussitôt, elle est servie mais n’est pas très satisfaite du produit. « Ekiehhh, c’est vraiment petit ! » s’exclame-t-elle. « Il faut mettre le cadeau mon ami. Toi-même tu ne vois pas que c’est petit ?», ajoute Géraldine Ngono en souriant. Tout près d’elle, Alice Menye déplore le prix élevé de la viande de bœuf sur le marché. Elle s’écrie : « Vous pensez que nous prenons l’argent où quand vous augmentez les prix tous les jours ? Vous partez de 2800 à 3000 Fcfa le kilo de viande sans os. Mais c’est incroyable ça. Comment devons-nous finalement vivre lorsque tout est cher sur le marché ? Même le pain qui était accessible à tout le monde est devenu une denrée d’or pour certaines familles ».

Cet aliment très prisé dans les ménages devient de plus rare dans les menus. « Pour nourrir 12 personnes, il faut acheter au moins 2 kilos et demi de viande sans os. Cela revient à 6000 fcfa et c’est énorme pour moi. Je reçois d’abord combien pour la ration ? S’il faut dépenser seulement 6000 fcfa pour la viande, qu’en est-il du complément et de tous les autres ingrédients ? Je pense que la crise économique est vraiment de retour », se lamente Armelle Noukeu. « Sur ces prix qui sont déjà hors de portée pour des familles à faibles revenus, certains commerçants ajoutent 200 fcfa sur chaque kilogramme de viande. La preuve est que samedi 16 avril, j’ai acheté deux kilos de viande sans os à 6400 fcfa au lieu de 6000 fcfa. Pour ma part c’est exagéré», s’indigne une consommatrice.

Une fois par mois

Dans certains ménages, la fréquence de consommation de cette denrée alimentaire a été réduite. « Je préparais la viande de bœuf 4 à 5 fois par mois. Maintenant ce n’est plus le cas. A cause des prix élevés, je suis revenue à deux repas par mois. Je le fais juste pour que les enfants ne se plaignent pas. Parce que si tout ne dépendait que de moi, j’annulerais d’abord cet aliment de mes repas», confie Henriette. Un point de vue que partagent également plusieurs consommateurs. « C’est à cause des enfants que je prépare encore la viande de bœuf. Elle est devenue trop chère et il faut au moins deux kilo pour nourrir toute ma famille. Une fois par mois c’est l’idéal pour moi », révèle Eugénie Ngah. « Si nous gardons le même rythme, nous ne nous en sortirons pas. Il faut développer des petites astuces », ajoute-elle. Pour d’autres, rayer la viande bœuf dans leur menu est une solution. « Nous allons continuer de vivre avec ou sans viande sur nos tables. Je suis le père et la mère de la famille, alors le choix me revient. J’ai décidé de ne plus préparer la viande jusqu’à ce que les prix redeviennent accessibles. Celui qui veut manger la viande de bœuf achètera à ses propres frais. Je gagne combien ? », explique une commerçante.

Un tour au marché de Mfoundi et Mokolo a permis de faire le même constat. Les consommateurs sont aux abois. « Nous ne savons pas si le ministère du Commerce est au courant des réalités du terrain. Les prix homologués ne sont pas respectés et c’est un vrai désastre pour nous les consommateurs. Je pense que le ministère ne veille pas suffisamment au respect des prix des denrées alimentaires. Nous n’avons pas tous le même revenu financier pour s’offrir de manière aisée certains aliments. Et c’est déjà le cas avec la viande de bœuf. », a révélé Hermine. Dans cette situation de flambée des prix, les consommateurs ne sont pas les seules victimes.

Les bouchers aussi se plaignent du prix d’achat élevé des bœufs. « Nous achetons à combien pour revendre à quel prix ? Il faut vous demander d’où proviennent ces bœufs. Nous voulons aussi faire des bénéfices. Il ne suffit juste pas de vendre », indique Alim Baba, un boucher. Pour Ibrahim Abdou, le commerce c’est une activité instable et les prix peuvent varier à tout moment. « C’est indispensable de vendre à ces prix si nous voulons continuer avec cette activité. Si les prix d’achats augmentent, les prix de vente aussi doivent être revus à la hausse. Sinon nous allons perdre le bénéfice et le capital », se défend-il.

Source: Le Jour du 21-04-2022