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Cameroun: gestion très opaque des hydrocarbures

Certains employés de la SNH et de la SONARA ont perçu 7 milliards

Lun., 6 Juin 2022 Source: Le Jour du 06-06-2022

Depuis la nuit des temps, la gestion de ces ressources du sous-sol au Cameroun, comme dans nombre d’autres pays francophones, est entourée de flou et d’absence de transparence. En violation de la réglementation.

Que d’anecdotes autour de la gestion des hydrocarbures dans les territoires jadis sous la domination des « empires » franco-britanniques ! L’anecdote la plus couramment racontée, au Cameroun, est celle que l’on impute à un certain Jean Assoumou Mve, autrefois à la tête de l’une des sociétés de souveraineté au Cameroun. C’était au début des années 80.

Lorsqu’il eut l’occasion un jour de s’exprimer sur la gestion de la « manne pétrolière », ce qui est une pratique rare, l’ancien patron de la Société nationale des Hydrocarbures (Snh) déclara que seul le président de fa République en possédait les clés.

En d’autres termes, lui seul était en mesure de s’exprimer sur la valeur réelle de l’attribution des marchés d’exploration ou de forage de champs pétroliers, ou encore sur le prix de cette matière première dont beaucoup d’observateurs reconnaissent qu’elle a longtemps été à la source de la déstabilisation politique de nombre de pays du continent.

On parlait alors de la « malédiction de l’or noir », du diamant, de l’or, du cobalt, de l’uranium, etc. Que la classe politique nationale et la société civile camerounaise, tirant le prétexte du scandale éclaboussant la Snh et la Sonara, se mobilisent aujourd’hui pour exiger que la lumière soit faite sur les passations de marchés d’exploitation des ressources hydrocarbures au Cameroun, est donc en soi chargé de sens.

D’autant plus que le pétrole a toujours été considéré comme une ressource de souveraineté. La gestion de cette hydrocarbure est à ce point entourée d’opacité, que d’aucuns ont fini par comparer ce secteur extractif à la Grande Muette.

Accablée par les révélations du journal britannique Financial Times, la Snh s’est défendue ‘des faits allégués, affirmant ne pas s’y reconnaître. Elle soutient même avoir saisi la justice britannique et la justice américaine pour lui demander de fournir les preuves des accusations qui accablent le Cameroun.

Pourquoi la Snh ne s’est-elle pas associée à la démarche des responsables politiques et de la société civile pour réclamer un audit interne indépendant devant permettre l’identification des auteurs des recels de pots-de-vin et en établir les responsabilités ? Là- est toute la question.

On s’en doute bien que les deux chambres du Parlement, l’Assemblée nationale et le Sénat, accordent le moindre regard ou le moindre intérêt aux requêtes introduites par des leaders de l’opposition, dont Jean-Michel Nintcheu du Social Democratic Front (Sdf), le parti de Ni John Fru Ndi. Pourtant, et là est le paradoxe, l’ouverture d’enquêtes parlementaires sur des situations touchant la vie des citoyens (en l’espèce la gestion du pétrole) fait partie des prérogatives de cette institution qui légifère.

La révélation du scandale Glencore pourrait saper tous les efforts consentis, jusqu’ici, dans la mise en œuvre des directives Itie par le Cameroun. Comme le souligne Me Akere Muna : « Grâce au dévouement et à la passion. de personnes comme le ministre Abah Abah Polycarpe, M. Tchoffo Jean et M. Grégoire Mebada, nous avons pu faire pression pour que le Cameroun rejoigne le processus de l’Initiative pour la transparence dans les industries extractives (Itie). Le ministre Abah, malgré ce que l’on dirait de lui aujourd’hui, était un partisan convaincu du processus et a même pris la parole à la conférence de Londres.

Il était fortement soutenu par le secrétaire général de la présidence de l’époque, M. Atagana Mebara. L’ironie est que les véritables vandales économiques kleptocrates sont en train de narguer le reste des citoyens de la République alors que ceux qui prenaient des mesures concrètes pour protéger un secteur minéral vital sont en prison. » L’opacité entretenue, pas plus que le refus de la mise en œuvre de l’article 66 de la constitution de 1996 sur la déclaration des’ biens, ne contribueront pas moins à discréditer notre pays.

Source: Le Jour du 06-06-2022