À travers une astuce dénoncée par Oxfam, les filiales occidentales spolient à longueur d’année les pays du continent noir.
D’après un récent rapport de l’organisation anglaise Oxfam rendu public le 02 juin, les pratiques fiscales des grandes entreprises des pays occidentaux font perdre 55.000 milliards environ de francs Cfa au continent africain par an.
Selon l’institution qui lutte contre les injustices et la pauvreté sur les terrains politique, économique et humanitaire à travers le monde, les pays du Nord en général et du Groupe des 7 (G7) ont mis sur pied une astuce qui consiste à facturer les biens et services échangés avec les filiales, disséminées à travers le monde, à un prix inférieur à leur valeur réelle.
Pendant que le continent est gravement spolié, cette tricherie fiscale permet en revanche aux entreprises occidentales d’économiser près de 3.000 milliards de francs Cfa par an – des sommes qu’elles auraient dû reverser en impôts. D’après Nicolas Vercken, responsable du plaidoyer Études à Oxfam France, «Une filiale aura tendance à surévaluer les importations et sous-évaluer les exportations, ce qui revient à ne pas déclarer la valeur ajoutée là où elle est réellement produite.»
Hypocrisie
C’est ainsi que les fonds qui peuvent servir au développement de l’Afrique sont détournés par ceux-là même qui prétendent promouvoir le développement du continent.
Un véritable paradoxe. Se voulant réservés, les responsables de ce rapport rappellent qu’il ne s’agit là que d’une seule entourloupe fiscale. C’est dire si les entreprises occidentales recourent à longueur d’année à de nombreux autres subterfuges pour échapper à leurs obligations.
C’est une dénonciation qui intervient avant la réunion des membres du G7 (États-Unis, Japon, Allemagne, France, Royaume-Uni, Italie, Canada) qui se tiendra du 07 au 08 juin dans l’État de Schloss Elmau en Allemagne.
L’organisation exige ainsi une profonde réforme des règles internationales en matière de fiscalité des entreprises. Une réforme qui devrait imposer aux multinationales la déclaration de leurs activités et leurs bénéfices filiale par filiale, pays par pays et projet par projet.
En rappel, Nicholas Shaxson, auteur de l’ouvrage «Les paradis fiscaux» paru en avril 2013, fournit une classification sur fond historique des centres offshore (ou sociétés extraterritoriales) qui écument l’Afrique. Dans le premier groupe, on retrouve «les dépendances de l’empire britannique comme Jersey, Guernesey, l’île de Man, les îles Caïmans, les iles Vierges britanniques, Gibraltar, Hong Kong… comme une toile d’araignée tissée par la City de Londres». Sont rencontrés au deuxième niveau, les petits États européens tels que la Suisse, Luxembourg, Lichtenstein, Monaco.
La troisième catégorie est celle qui a pour centre les États-Unis, autour d’un réseau de petits États satellites comme les îles Marshall, Panama, Liberia… Il est à relever qu’Oxfarm est une confédération d’organisation non-gouvernementale (Ong) créée en Angleterre durant la seconde guerre mondiale.
En plus de la lutte contre les injustices et la pauvreté, cette conglomération d’Ong se préoccupe du développement durable et équitable (commerce équitable, réglementation des armes, éducation pour tous, etc.).