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Circulation des armes légères : le pouvoir de Yaoundé a pris sa décision

Armes Cmr Legeres Armes légères

Wed, 8 May 2024 Source: Intégration n°606 du 7 au 12 mai 2024

Acculé par les conflits depuis plusieurs années, le gouvernement camerounais est attendu à la prochaine édition de la Conférence de révision du Programme d’action des Nations unies sur les armes légères et de petit calibre.

Le Cameroun est embourbé dans des conflits incessants. Il est agressé dans les régions de l'Extrême-Nord depuis 2013, du Nord-ouest et du Sud-ouest depuis 2016. À ce jour, il a perdu des milliers d’hommes, de femmes et d’enfants. À ceux-là, s’ajoutent les milliers de déplacés internes et de réfugiés désemparés. Sous les décombres de ce sombre tableau, il y a les difficultés à maintenir un système robuste de contrôle des armes et des munitions.

Il y a aussi l'absence de mécanismes de marquage et de traçage des armes et de leurs munitions. Aussi délicate et déplorable qu’elle soit, la situation est mieux représentée par des chiffres. Selon le Conseil économique, social et culturel de la Commission de l’Union africaine, au moins 120.000 armes légères et de petit calibre ont circulé illégalement au Cameroun. Il s’agit des revolvers, des pistolets, des fusils d’assaut et des mitrailleuses.

Pourtant, Paul Atanga Nji, ministre camerounais de l’Administration territoriale (Minadt), reconnaît avoir accordé uniquement 3.800 autorisations de port de munitions de petit calibre (jusqu’en 2021, rapporte Women’s international League for Peace and Freedom Cameroon). Et si le mal perdure au Cameroun, c’est tout simplement parce que les manœuvres entreprises par les autorités administratives à elles-seules ne sont qu’une goutte d’eau dans la mer. Ainsi, « les pays qui réussissent bien dans ce contrôle des armes de petits calibres ne comptent pas seulement sur les ressources de l’État », indique à la presse Ivor Richards Fung au sortir d’un atelier tenu sur le sujet (du 24 au 26 avril 2024 à Yaoundé).

Le directeur de l'Unité des armes légères au Bureau des Nations unies pour le Désarmement (Unoda) pense que les États d’Afrique centrale doivent se faire accompagner par d’autres entités comme la société civile. Puisque, justifie-t-il, il y a des activités que celle-ci « peut mieux mener que les États ». Prévention Outre cette mesure, le Cameroun devrait également pouvoir compter sur sa carte de membre de l’Organisation des Nations unies (Onu). Laquelle lui a ouvert les portes du Programme des Nations unies visant à prévenir, combattre et éradiquer le commerce illicite des armes. L’organisme réunit du 17 au 27 juin prochain, aux États-Unis, plusieurs pays dont le Cameroun.

Objectif : évaluer et trouver des voies et moyens quant à la circulation des armes dans les pays-membres. Au-delà d’interroger ses interlocuteurs sur la provenance et les canaux de fournitures d’armes de manière illégale sur son sol, l’État du Cameroun devra également appréhender les mesures de prévention y relatives. Même si, souligne le directeur de l’Unoda, certaines mesures de prévention reviennent aux États africains, dont le Cameroun son pays d’origine.

« Les armes prolifèrent parce qu’il y a la demande. Les États, pour prévenir cette prolifération, devraient s’attaquer à ces facteurs de demande. C’est faire en sorte que la sécurité règne, que chacun ne ressente pas le besoin d’aller chercher des armes pour se protéger, mais que chacun se dise, je bénéficie d’un climat de sécurité, je peux vaquer à mes activités sans crainte d’être attaqué. Il y a aussi la question de la bonne gouvernance. Dans d’autres États, c’est des groupes qui sont mécontents de la façon dont l’État est géré et ils vont prendre les armes », explique le Camerounais Ivor Richards Fung.

Source: Intégration n°606 du 7 au 12 mai 2024