Douala : Des tactiques de vol des malfrats mises à nu

Yaounde Gang Photo d'archive utilisée juste a titre d''illustration

Fri, 4 Mar 2016 Source: fr.allafrica.com

Les victimes, désabusées, ont interpellé à travers des plaintes, les forces de l'ordre à sévir contre ces hors-la-loi des temps modernes.

Bomono Gare Rien ne va plus dans la cité économique. À tous les endroits, les nouvelles manœuvres de vols mises sur pied par les malfrats font pignon sur rue. Et dans plusieurs ménages, les langues se délient et accusent : "On en a marre. Il est quasiment impossible de dormir, même à domicile. Moindre petite distraction, et c'est le câbleur, ou un agent d'entretien, répondant au nom d'une entreprise venue faire certains travaux qui vous met mal à l'aise", confie Pascal Adrien Ngock, cadre contractuel d'administration, habitant le quartier Cité Cicam.

Selon ses déclarations, les populations de sa localité ne savent plus à quel saint se vouer. D'autant plus qu'elles sont victimes de coups de vols à longueur de journées. Même s'il ne tarit pas d'éloges au groupe d'auto défense du quartier qui se bat bec et ongle pour traquer les malfrats. Force est de constater pour le jeune homme que, les forces de l'ordre ont baissé les bras et qu'il est plus qu'urgent pour eux, de se secouer au vu des échéances électorales futures.

En fait, les malfrats, selon toute vraisemblance, ont opté pour de nouvelles tactiques de vols. Les anciennes les ayant causé énormément de pertes en vie humaine. Le constat saute à l'œil. "Je partais de Bomono gare pour Douala. J'ai emprunté un taxi et je me suis assise au bout, derrière le chauffeur, juste à côtés de deux passagers bien vêtus. À les voir, il était difficile d'imaginer qu'ils étaient des malfrats.

Seulement, pendant qu'on roulait, je me suis mise à somnoler, je ne sais comment. Plus tard, mes agresseurs m'ont laissé sur l'axe Douala-Limbe et ont disparu. C'est alors que j'ai réalisé qu'ils venaient de me dépouiller", s'alarme Marie Djomou, habitante de Bomono gare, visiblement sous le choc. Selon elle, le fait de somnoler n'était pas un hasard puisque ses bourreaux s'étaient parfumés.

Et c'est après avoir inhalé ce précieux effluve qu'elle s'est plongée dans un profond sommeil. Ce qui a facilité l'opération. "Je ne sais comment ils font, ni comment ils savent qu'on a de l'argent sur soi. C'est terrible !", a-t-elle lâché, accablée. Ces pratiques, finit-elle par observer, cachent de loin un malaise profond. Le fait d'une société en perte de repères. "Lorsque j'ai vu ces gens jeunes assises près de moi, j'étais loin d'imaginer qu'ils étaient des malfrats", regrette-elle.

Par ailleurs, les bars et autres coins intimes où excellent plaisir et ambiance ne sont pas épargnés. Les vendeurs ambulants de cigarettes, noix de kola, parfums et bien d'autres encore sont pointés du doigt. "Un vendeur était venu me proposer son parfum. À peine assis près de moi, au moment où j'inhalais la saveur de son produit, je me suis étourdi. Il en a profité pour me piquer mon portefeuille", confie Olivier Djoutsa, débrouillard et habitant le quartier Bépanda Ambiance. Puis de rajouter : "depuis, je me méfie des vendeurs de kola et de cigarettes qui, la nuit tombée, infestent les bars pour proposer leurs marchandises. Les mendiants ne sont pas en reste. Plusieurs bandits, à défaut de braquer, excellent dans ce genre de pratiques qui contre toutes attentes, renflouent bien leurs poches."

Autres faits.

Certains ménages se sont vus vidés de leurs biens, par de faux agents d'Eneo venus relever le numéro du compteur à l'insu des propriétaires de la maison ou encore par de faux câblodistributeurs, alléguant arranger une panne, entre autres. Au quartier Ndogbati II, la population, qui en avait déjà assez de ces pratiques, avait mis la main sur un faux agent d'Eneo qui, sous le prétexte de relever le numéro du compteur, s'était retrouvé dans la chambre des propriétaires de la maison. Pris la main dans le sac par le fils aîné qui revenait chercher un objet oublié, il fut copieusement tabassé à mort.

Dans les commissariats de la ville de Douala, l'on appelle les populations à plus de vigilance. "Il est plus qu'urgent de rappeler aux populations qu'elles doivent impérativement travailler sans crainte, en toute collaboration avec les forces de l'ordre. Qu'elles n'aient pas peur de dénoncer ces malfrats qui sont une gangrène pour la société. Elles doivent nous aider à les contenir", converse sous cape, un agent des forces de l'ordre.

Dans les quartiers populaires, les populations estiment que la pauvreté rampante causée par un taux de chômage à grande échelle des jeunes est l'une des causes majeures du grand banditisme. À côté de cela, le manque de logement et d'accès à l'eau potable. "Comment voulez-vous qu'on vive, hein ! Je suis diplômé et je suis incapable de me former faute de moyens. Dans ce quartier, il y a plusieurs jeunes comme moi qui passent le temps à la maison à ne rien faire. D'autres se débrouillent au marché, allez savoir comment. Qu'on vole ou qu'on agresse, c'est une façon pour nous de survivre", raconte "petit piment", un délinquant et habitant le quartier Ndog-Bong. Approché, un élément des forces de l'ordre avoue n'être plus à mesure de contenir ces braqueurs à cause de la précarité des moyens logistiques.

"Nous faisons notre possible pour attraper ces malfrats. Mais, voyez-vous, les moyens matériels manquent énormément...", confie-t-il sous cape. Jusqu'au début du mois de janvier, les équipes spéciales d'intervention rapide (Esir), le groupement mobile d'intervention (Gmi), les forces de police et de gendarmerie, aidés par les antigangs, sillonnent nuit et jour les quartiers afin de sécuriser les populations, surtout au moment où le Cameroun subit, dans l'Extrême-nord, les incursions de la secte Boko Haram.

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