Le verdict de la prévalence des violences conjugales dans le Grand-Nord est sans appel. D’après l’enquête démographique et de santé (EDS) 2018, dans la région du Nord, 44% de femmes de 15 à 49 ans ont subi des violences émotionnelles, physiques ou sexuelles exercées par leurs maris ou partenaires actuels ou les plus récents. C’est la région la plus touchée par ces cas de violences déclarées «qui pour nous à l’INS sont des cas avérées», derrière l’ExtrêmeNord (27%) et l’Adamaoua (26%), confie une source. En d’autres termes, dans presque un foyer sur deux les femmes ont subi ces violences. Ce que les psychologues consultés justifient par le fait que «le système patriarcal y est plus répressif», affirme l’un d’eux.
En fait, «La culture de ces régions-là s’organise autour du patriarcat c’està-dire une culture où les systèmes de vies sont dictés par les hommes et pour les hommes», affirme Didier Demassosso, psychologue-clinicien. D’après lui, ces sévices ne sont pas sans conséquences sur la santé de ces femmes. En effet, «Les femmes battues sont plus susceptibles que les autres femmes, de souffrir de traumatisme crânien et des traumatismes psychologiques ; de stress chronique notamment le Ptsd. La dépression et les comportements suicidaires sont aussi très fréquents chez ces femmes», explique Didier Demassosso, psychologue-clinicien. Il ajoute aussi que «Les violences physiques ont une répercussion importante sur l’estime de soi et le schéma corporelle».
C’est que, «La violence, qu’elle soit de nature physique ou psychologique, est source de souffrance physique et de souffrance mentale, d’handicap et même de mort. En ce qui concerne les violences psychologiques elles sont sources de traumatisme et de maladie mentale. Avec de fort taux possible de handicap», explique ce dernier. De manière générale, le comportement violent peut aussi se manifester à cause de la consommation de drogue où ses abus. Ou encore, dans le cas de présence d’une souffrance mentale comme le trouble de la personnalité antisociale. En outre, ces violences peuvent aussi être le fruit d’une construction sociale à des fin de contrôle et pour asseoir le pouvoir de ceux qui l’utilisent.
Selon l’Association de Lutte contre les violences faites aux femmes (Alvf), en 2011 au Cameroun, 45% des femmes en couple ont subi des violences physiques, 20% des violences sexuelles et 42% des violences morales. Des actes violents commis par les maris, partenaires ou conjoints, qui handicapent souvent lourdement les victimes. Malheureusement, pour les associations de défense des Droits de la femme, la société camerounaise refuse de prendre l’ampleur du phénomène et considère la violence conjugale comme une affaire privée.
Néanmoins, le code pénal camerounais a prévu des dispositions sanctionnant toute personne portant atteinte à l’intégrité physique d’autrui. Pour protéger les victimes, la loi réprimande vivement ces agissements. Les auteurs de blessures graves, coups avec blessures graves, blessures simples, légères, coups mortels, violences sur une femme enceinte par exemple sont passibles de cinq à 20 ans de prison.